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Métiers du futur : la formation cycle en plein essor

par | 27 juin 2023


Roulez jeunesse ! Avec la hausse de la pratique du vélo, les établissements s’adaptent pour former les expert·es deux-roues de demain. À Saint-Benoît, le CFA de la Vienne propose une formation cycle dispensant un diplôme de conseiller technique. Son nombre de places a doublé pour répondre à l’augmentation de la demande. Reportage à l’occasion d’une session mécanique.


Regardez, à la rotation des roues, on comprend que c’est la valve qui est obstruée” indique Kévin Touret, responsable de la formation conseiller technique cycle au CFA de Saint-Benoît. Autour de lui, cinq apprentis diagnostiquent un VTC prévu pour rouler lors de la Gravienne, une course départementale. Pendant un an, ces jeunes de 16 à 18 ans alternent entre les cours et le travail en entreprise, au rythme d’une semaine sur deux. “En plus de la mécanique, ils apprennent tout ce qui relève de la vente, de la gestion, de la connaissance des marques et du milieu sportif, énumère le formateur entre deux consignes. L’objectif, c’est qu’à l’issue de leur cursus, ils soient en capacité de gérer un atelier ou un magasin.” Les débouchés sont en effet multiples : mécanicien, cadreur-soudeur, vendeur, loueur, commercial et moniteur de vélo sont autant de métiers possibles, dans la filière du cycle.

Après 11 ans en centre d’appel, Kévin Touret a retrouvé du sens au travail en convertissant sa passion pour le vélo en métier. Il a effectué la formation dispensée par le CFA, dont il est désormais le responsable. 

Des profils de plus en plus diversifiés en formation cycle

Kevin Touret enseigne à deux groupes, pour un total de 14 apprenti·es. Afin de répondre à l’augmentation de la demande, le nombre de places de la formation a doublé, il y a trois ans. Depuis la création de la formation en 2005, les profils des élèves ont également évolué, en miroir de l’intérêt croissant de la société pour le vélo. “Il y a 10-15 ans, on avait vraiment des puristes, relate Kévin Touret. À présent, les élèves sont toujours des passionnés de vélo, mais certains apprécient aussi de s’en servir simplement comme moyen de transport, sans forcément faire de la compétition.” C’est notamment le cas de Titouan, 18 ans, qui roulait en loisir avant que l’entrée en formation ne l’incite à intensifier sa pratique. “Avoir une expérience de cycliste, ça permet de mieux appréhender les problèmes mécaniques que l’on peut rencontrer à vélo”, apprécie l’élève nommé responsable de l’atelier pour la semaine, tout en procédant à une purge de freins. À l’autre extrémité de la pièce, son camarade Romain change une transmission. Quand il n’est pas en formation au CFA, ce champion de France de cyclocross est mécanicien pour la réserve de l’équipe cycliste Vendée U. “C’est un travail avec de gros horaires et qui demande beaucoup de minutie, mais il me permet de vivre de cette passion que j’ai depuis tout petit.” Tom partage cette exaltation. Pour le jeune compétiteur de 17 ans, atterri ici après des stages en boulangerie et en chaudronnerie peu fructueux, c’était “le vélo ou rien”.

Chaque mercredi, les apprenti·es organisent leur emploi du temps de façon à finir plus tôt, pour participer à une sortie à vélo collective de plusieurs heures.

Les jeunes viennent de toute la France pour suivre ce cursus, en particulier du Grand Ouest. Pour cause, seulement huit centres de formation délivrent actuellement le titre de conseiller technique cycle, d’après l’ONISEP. Si la plupart ont rejoint la formation après un niveau de seconde, elle est également accessible après une première générale ou un CAP.

Une filière qui roule

La filière du cycle étant en plein essor, la formation bénéficie d’une forte insertion. “Huit apprentis sur dix trouvent un emploi sous six mois, et 16% poursuivent leurs études, souvent en mécanique”, expose Ghislain Kleijwegt, directeur du campus. “Nous avons beau être dans un département rural, l’usage du vélo se développe. Il est favorisé par la construction de pistes cyclables, les aides à l’achat, et les différents confinements qui ont mis en valeur les avantages du vélo pour la santé et la sobriété”, détaille-t-il. La montée en puissance du vélo à assistance électrique (VAE) participe également à cette mouvance. “60 à 70% des ventes de vélo aujourd’hui en France, c’est de l’électrique, analyse Kévin Touret. Son arrivée a relancé le marché du vélo quand il était un peu moribond, et a permis d’étendre la pratique à des profils moins sportifs.” Conséquence : 35 heures de cours dédiées au VAE ont été ajoutées à la formation cette année.

Et cet essor du vélo n’est pas près de ralentir, d’après le Plan de transformation de l’économie française (PTEF), un programme porté par l’association The Shift Project et visant à rendre l’économie compatible avec les enjeux climatiques. Dans son volet emploi, celui-ci prévoit la création de plus de 185 000 postes dans les services de vente, d’entretien et de réparation du vélo, et 45 000 dans l’industrie d’ici 2050, si la France respecte l’Accord de Paris et son impératif de contenir le réchauffement climatique à +2°C d’ici la fin du siècle. De quoi favoriser l’emploi des futur·es professionnel·les de la filière du cycle, et leur permettre d’envisager l’obtention d’un CDI… comme sur des roulettes.


Rédaction et photos : Hildegard Leloué

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