En juin, dix volontaires ont participé à l’opération « Un mois sans ma voiture ! », initiée par la communauté d’agglomération de La Rochelle. Pour les aider, ils avaient accès à un pack mobilité gratuit. A l’heure du bilan, toutes et tous ont été convaincu·es des bienfaits de cette expérience d’écomobilité.
Deux millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année à La Rochelle et son agglomération. « Nous sommes dans la moyenne nationale, il n’y a pas d’exception rochelaise. La mobilité représente un tiers de ces émissions« , indique Geoffrey Pastureau, chargé du développement de la démarche La Rochelle territoire zéro carbone (LRTZC) à la communauté d’agglomération de La Rochelle (CdA). Face à lui, un auditoire attentif prêt à surmonter un challenge pas si anodin : se passer de voiture pendant un mois. Ou du moins utiliser son véhicule personnel le moins possible. Parmi 48 volontaires, dix ont été tirés au sort pour relever le défi « Un mois sans ma voiture ! » en juin. Pour leur faciliter la tâche, la CdA et ses partenaires avaient mis à disposition un pack mobilité Yélo gratuit : réseau de bus, vélos en libre-service, voitures électriques et hybrides en libre-service Yélomobile, bateaux, ainsi qu’un vélo à assistance électrique. Afin de prouver leur bonne foi, ils ont dû déclarer le kilométrage inscrit sur le compteur au 31 mai, puis au 30 juin. Le bilan est très positif. Toutes et tous ont joué le jeu, mais relèvent quelques bémols pour réussir à laisser totalement son véhicule au garage. Retours d’expériences avec trois participant·es.
112 kg de CO2 en moins pour Élodie
Depuis le 1er juin, sa voiture n’a pas bougé du parking de son travail. Élodie, 41 ans, habite à la campagne à Saint-Médard-d’Aunis, soit à 24 km du lieu de son activité professionnelle situé à Aytré, dans la zone de Belle-Aire. Tous les jours, cette motivée a réalisé l’aller-retour en vélo à assistance électrique Yélo.
En un mois, j’ai fait 381 km. C’était super ! J’appréhendais la cohabitation avec les voitures car il y a peu de pistes cyclables vers chez moi mais ça s’est bien passé. Je m’attendais à pire. Niveau mental, j’ai ressenti beaucoup moins de stress en me déplaçant à vélo. C’était une très bonne expérience.
En mai, elle a émis 130 kg de CO2. En juin, elle est tombée à 18 kg, a-t-elle calculé grâce à l’application Moovance. Quelques émissions tout de même car il a fallu, une fois, qu’elle emprunte une voiture électrique Yélomobile en libre-service pour se rendre en formation à Rochefort. « Ce n’est pas facile à réserver et pourtant je m’y suis pris une semaine à l’avance. J’ai réussi à en louer une mais il n’y en avait pas à proximité de mon travail. J’ai dû demander à mon patron de me déposer en voiture à Périgny, à quelques kilomètres de là, regrette Élodie. Pour aller faire les courses j’ai voulu utiliser le service de transport à la demande mais il ne fonctionne pas le week-end. J’ai fait un drive et c’est mon mari qui est allé le chercher avec sa voiture« , détaille-t-elle. Grâce à son exemplarité, cette participante a remporté le défi et gagné un crédit de 150€ sur l’abonnement Yélo de son choix. Élodie veut désormais continuer à pédaler pour aller travailler avec son vélo personnel, non électrique. Même en hiver.
« Des effets bénéfiques » sur la santé d’Ahmed
« A la base j’utilise ma voiture par pure fainéantise, simplement parce que c’est une solution de facilité« , admet Ahmed, 42 ans. Pour autant, cette option ne satisfait pas cet habitant de La Rochelle. « J’ai un travail sédentaire, je sentais qu’il fallait que je bouge plus. Je perds également beaucoup de temps dans les bouchons, en étant souvent de mauvaise humeur« , livre cet informaticien amené à se déplacer dans tous les lycées de la ville. Pendant ce mois de juin, il a tenu le challenge, en se déplaçant majoritairement en vélo à assistance électrique Yélo et en utilisant sa voiture de service seulement quelques fois. « J’ai fait 289 km à vélo et 45 km en bus. Je pensais que rouler sur les pistes cyclables ça allait être difficile mais j’ai trouvé ça super simple, c’est bien fait à La Rochelle« , estime-t-il.
Un bilan « très positif » pour Ahmed, avec quelques bémols toutefois à noter. « J’ai essayé de louer une voiture électrique Yélomobile, j’ai trouvé ça galère. Je n’ai pas cherché plus loin sur l’appli, j’ai laissé tomber », relève-t-il. Un manque d’accessibilité de ces véhicules partagés et des soucis de prélèvement ont été soulignés par plusieurs participant·es au défi. L’informaticien songe à se séparer prochainement de sa voiture pour conserver uniquement celle de son épouse.
Je vais continuer à me déplacer à vélo, en utilisant le mien, qui n’a pas d’assistance électrique. J’ai déjà ressenti des effets bénéfiques sur ma santé, je me sens moins énervé. Je vais prévoir des affaires de rechange et surtout m’équiper pour l’hiver. En juin, c’était facile, il faisait super beau ! Je compte aussi prendre le bus. Je pense que ça devrait être gratuit, comme à Dunkerque.
Un test grandeur nature
A 32 ans, Élodie vit à Puilboreau avec son mari et leurs deux enfants de 3 et 8 ans, à environ six kilomètres de La Rochelle. Pour des raisons « écologiques et financières« , cette famille envisage de revendre l’une de leurs deux voitures. En l’occurrence celle de la jeune femme, qui a pris ce défi comme une forme de test grandeur nature avant de franchir le pas. Trois kilomètres l’éloignent de son lieu de travail. Pendant un mois, elle a utilisé le vélo à assistance électrique prêté pour l’occasion afin d’effectuer ce trajet. Sur le biclou, elle a installé un siège bébé afin de transporter son cadet à l’école, tandis que l’aîné suivait sur sa propre bicyclette.
« J’aurais bien gardé ce vélo, je n’avais pas envie de le rendre ! C’était une bonne expérience. On réfléchit à l’achat d’un vélo électrique familial en remplacement de ma voiture. »
Durant le mois de juin, elle a utilisé trois fois son véhicule personnel : deux jours où il pleuvait, un jour « pour aller chercher quelqu’un à la gare« . Auparavant, l’usage était quotidien. « J’ai également emprunté les voitures électriques en libre-service Yélomobile quatre ou cinq fois, je n’ai pas eu de souci, j’ai trouvé l’appli bien faite. Je n’ai pas pris le bus car sur le peu de trajets où je l’ai envisagé c’était très mal desservi. Alors j’ai abandonné », signifie la néo-cycliste, qui a effectué environ 100 km à vélo sur les quatre semaines. Comme l’ensemble des participant·es, elle a été convaincue par les bienfaits de cette expérience. Une deuxième version du défi pourrait voir le jour, a laissé entendre l’interlocuteur de la CdA. A suivre.
Rédaction : Amélia Blanchot
Photos : Amélia Blanchot et Hildegard Leloué