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Maraîchage biologique : dans Grand Angoulême, un espace où tester son activité

par | 12 septembre 2019


Un espace test de maraîchage biologique est opérationnel depuis l’automne 2018 au centre hospitalier Camille Claudel à la Couronne, en Charente. Il est à l’initiative de Grand Angoulême et c’est l’association Champs du Partage qui gère le lieu. L’objectif : permettre à de nouveaux maraîchers de travailler leur modèle de production, en mettant à leur disposition des espaces de culture et un accompagnement. Sébastien Boulesteix et Emmanuel Meunier de Plantae & Terra, et Thomas Lefranc, alias Tom le Maraîcher, sont les premiers à y tester leur activité.


Sécuriser des parcours d’installation des nouveaux maraîchers

L’espace test agricole a une superficie de 9000 m²

“Comment apporter notre pierre à l’édifice, pour la transition écologique et une alimentation saine? Passionnés par le monde végétal, nous avons décidé de faire pousser des légumes !” s’amusent Sébastien Boulesteix et Emmanuel Meunier qui ont lancé cette année leur activité de maraîchage diversifié sous le nom de Plantae & Terra. Pour tous les deux, comme pour Thomas Lefranc qui travaillait jusqu’alors dans le secteur bancaire, il s’agit d’une reconversion professionnelle. Sébastien a eu auparavant des activités aussi variées que moniteur d’équitation ou masseur thérapeute en Asie, Emmanuel a été entre autres professeur de piano et sommelier dans des palaces sur la Côte d’Azur et à Monaco. En 2018, les trois nouveaux maraîchers ont obtenu un Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole au centre de formation de L’Oisellerie à La Couronne, option maraîchage biologique, plantes aromatiques et médicinales. Depuis, ils sont les premiers à bénéficier de l’espace test agricole, un lieu ouvert en octobre 2018 où expérimenter son activité dans des conditions réelles et dans un cadre sécurisé. “Conduire une culture de A à Z, faire face aux problématiques climatiques, reconnaître les maladies, gérer un calendrier de culture… on peaufine nos connaissances” explique Sébastien. “On apprend aussi à gérer les ventes, les réseaux, les débouchés” continue Emmanuel.

Plan Agricole Alimentaire Territorial Durable : dynamiser la filière maraîchère d’un territoire

Sébastien Boulesteix et Emmanuel Meunier (Plantae & Terra) testent leur activité depuis l’automne 2018

D’une superficie de 9000 m², l’espace test est composé d’une zone plein champ, de six tunnels de 25 x 8 mètres et d’un tunnel de 10 x 8 mètres. Les deux tiers sont mis à la disposition de Plantae & Terra et l’autre tiers est cultivé par Tom le Maraîcher. Le lieu se trouve dans l’enceinte du Centre Hospitalier Camille Claudel à La Couronne (où l’on trouve des parcelles agricoles car autrefois l’hôpital faisait pousser sur place les légumes pour alimenter sa cuisine). C’est Grand Angoulême qui a impulsé l’initiative, dans le cadre de son Plan Agricole Alimentaire Territorial Durable. L’agglomération a aménagé et équipé le site, et en a confié la gestion à l’association Champs du Partage. Cette dernière existe depuis 2014 afin de favoriser l’installation de porteurs de projets en agriculture paysanne par le test d’activité. “On observe une évolution des profils des personnes qui s’installent, elles sont de plus en plus nombreuses à ne pas être issues du milieu agricole, ce qui implique un accompagnement particulier, notamment pour les aider à mettre le pied dans le territoire et le réseau agricole, trouver du foncier, des débouchés”, explique Jessica Fournier, animatrice à Champs du Partage. L’association prend en charge le recrutement des nouveaux maraîchers, le suivi global des projets et coordonne l’hébergement juridique et social des activités. “Les porteurs de projet signent un contrat CAPE (ndlr : Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise) avec la coopérative d’activité et d’emploi Aceascop. Ils peuvent donc bénéficier pendant cette phase test de conventions sociales et d’un numéro de SIRET qui leur permet de commercialiser leurs produits. Leur activité est déclarée en toute transparence.” Plantae & Terra et Tom le maraîcher ont commencé la vente directe de leurs légumes. La contribution pour l’hébergement juridique de l’activité est variable selon le chiffre d’affaires de la structure, et se situe autour de 10%. Par ailleurs, chaque entité verse 700 euros par an pour la mise à disposition des moyens de production (tunnels, irrigation, outils…).

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Les deux structures bénéficient également d’un accompagnement technique, assuré par la Maison de l’Agriculture Biologique 16, le Centre de Formation de L’Oisellerie ainsi que par des paysans tuteurs. C’est ce qu’explique Thomas Lefranc :

Se projeter dans la phase d’installation

Thomas Lefranc se spécialise dans le maraîchage en sol vivant

Les maraîchers en phase test bénéficient d’un contrat d’un an renouvelable deux fois. Trois ans donc au total pour éprouver la faisabilité de leur projet et préparer leur future installation. Sébastien Boulesteix et Emmanuel Meunier se projettent idéalement dans “une ferme à l’ancienne, un écolieu de 6 à 8 hectares avec légumes, plantes médicinales, poules pondeuses, et un espace de cueillette”. A l’heure actuelle ils n’ont pas encore trouvé leur petit coin de paradis mais sont optimistes : “une veille foncière doit être faite par Grand Angoulême, en partenariat avec la SAFER, explique Sébastien. Le but est de libérer 300 hectares de terres maraîchères dans l’agglomération. Cela va donner des opportunités dans les deux années à venir.” Thomas Lefranc pour sa part ne recherche pas forcément l’acquisition de terre et se voit tout à fait travailler sur des parcelles mises à disposition ou en fermage, tant qu’il reste dans l’agglomération d’Angoulême. En 2021 au plus tard, l’espace test de La Couronne pourra accueillir de nouveaux maraîchers bio désireux d’expérimenter et de vérifier la viabilité de leur projet.


Rédaction : Hélène Bannier
Photos : Annabelle Avril, Julia Vandal, Hildegard Leloué

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