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Avec Melle en selle, apprivoiser le voyage à vélo

par | 25 juillet 2023

Melle en Selle voyage à vélo - le départ

Liberté, égalité, pédalier. Pour la deuxième année consécutive, le collectif Melle en selle organise une série de week-ends et de séjours à vélo en groupe. Le principe : accompagner les personnes désireuses d’expérimenter le voyage en cycle, pour lever leurs freins et leur permettre de gagner en autonomie. Ces initiations gratuites visent également à promouvoir une autre façon de voyager. Reportage dans le centre-ville de Melle (79) à l’occasion d’un départ en week-end, en juin.


Bruissement des cartes routières, bouclage des sacoches et ajustements de dernière minute. Une quinzaine de personnes s’activent, dans l’atmosphère joyeuse et empressée des départs en vacances, au square du Palais de Melle. Familles avec enfants, couples, cyclistes en solitaire… Le temps d’un week-end, ce groupe aux profils variés va découvrir les rudiments du voyage à vélo, pour un itinéraire d’une trentaine de kilomètres aller-retour, en direction du camping de Chef-Boutonne (79). “Pensez à changer de vitesse dès qu’il y a un changement de relief pour économiser vos forces”, conseille Julie Poirier, co-fondatrice de Melle en selle, à la petite assemblée attentive. En 2022, elle et son compagnon Pierre Ouvrard ont créé ce collectif dans le but de partager leur passion commune des aventures à vélo. Ces dernières années, le couple a enchaîné les voyages allant de quelques jours le long de la Loire à une année entière de vadrouille sur le continent américain.

De retour en France, on s’est rendu compte que notre mode de vie très lié au vélo suscitait beaucoup de curiosité, d’envie et de questions techniques. On a donc eu envie de partager notre expérience tout en aidant les personnes intéressées à franchir le pas.

Pierre Ouvrard
Melle en Selle voyage à vélo Julie et Pierre
Ce couple de professeur·es achève une reconversion professionnelle en simultané : Julie Poirier devient psychologue, et Pierre Ouvrard chargé de mission sur des questions de transition écologique. Leur pratique du vélo, par l’introspection et le contact avec la nature qu’elle offre, a nourri cette bifurcation.

Dépasser les appréhensions du voyage à vélo

Est-ce qu’il y aura des montées ?”, s’inquiète un enfant, face au tracé de l’itinéraire. “Le pays mellois, ce n’est pas un billard, mais on ira doucement !”, le rassure le co-fondateur de Melle en selle dans un rire. Avec les conditions météo et la peur d’avoir mal aux fesses, l’incapacité physique fait partie des craintes que les voyageurs et voyageuses sont venu·es dépasser. “J’appréhende un peu les côtes, mais ce sont surtout des incertitudes sur le matériel qui m’ont empêché de me lancer en solo”, explique Eric, qui a installé un logiciel de cartographie sur son téléphone “au cas où”. À quelques mètres, Virginie enfile un casque turquoise. “Cette sortie me permet de m’exercer, car j’ai le projet de faire mon propre voyage à vélo de trois semaines en solitaire, en septembre”, explique celle qui se passe totalement de voiture depuis un an, pour effectuer tous ses déplacements à vélo électrique.

Melle en Selle voyage à vélo Anaïs et Lucie
Le voyage à vélo promu par Melle en selle se veut accessible à toutes et tous, y compris aux familles. Après quelques hésitations, Anaïs a décidé de prendre la route avec Lucie, sa fille âgée de quatre ans.

J’adore l’itinérance, mais ce que je préfère, c’est le fait de partir en groupe, de partager, de créer de nouveaux souvenirs ensemble”, explicite à son tour Isabelle, en s’appliquant de la crème solaire. Elle est accompagnée de sa fille Donia, elle-même heureuse de pédaler aux côtés de Louise, une camarade d’école. “J’adore le vélo, je le prends tous les jours pour aller au collège ou à la piscine, mais là c’est encore mieux : il y a toute une ambiance, un côté social”, raconte cette dernière, en disant au revoir à son père Marc. “C’est une expérience formatrice, qui la responsabilise, commente-t-il en l’observant s’éloigner. À chaque sortie à vélo, on acquiert de nouveaux savoir-faire, en plus de redécouvrir ses campagnes autrement, puisqu’on ne prend pas les grands axes routiers”. Louise en est déjà à sa troisième sortie avec Melle en selle, et elle n’est pas la seule à avoir remis le couvert : même si certains cyclistes ont déjà acquis le savoir nécessaire pour partir en solitaire, ils continuent tout de même à participer aux sorties, par goût de la convivialité.

Transformer les imaginaires liés au voyage

Outre le plaisir qu’il peut apporter, le voyage à vélo relève aussi de l’acte militant, pour Julie Poirier. “C’est un mode de transport avec une empreinte écologique réduite, qui permet de faire l’expérience de la sobriété”, argumente-t-elle, casque en main. “Comme on ne peut transporter qu’une quantité réduite d’affaires, on apprend à vivre avec peu. On fait donc des choix de vacances qui ne sont pas dictés par la consommation, où l’itinéraire compte plus que la destination.” Rattaché à la Bétapi, une association melloise œuvrant pour l’éducation populaire et les vacances accessibles à toutes et tous, Melle en selle vise donc à offrir une alternative à l’imaginaire des vacances toutes faites et onéreuses. “On voulait sortir de la logique des séjours type Puy-du-Fou, Club Med et autres Aquaparcs.” L’enjeu : dissocier l’idée de consommation de celle du voyage, et faire en sorte que “partir en vacances ne soit pas uniquement réservé à une élite capable de se payer des vacances sur la côte.” Pour le moment, les participant·es des aventures proposées par Melle en selle ont majoritairement un profil de CSP+ déjà sensibilisé à l’écologie et à la démarche de slow-tourisme.

À l’avenir, le collectif aimerait développer un système de mentorat entre membres déjà initié·es au voyage à vélo et débutant·es. Un autre objectif serait d’intégrer des trajets en train au parcours, pour ouvrir davantage de perspectives. En tous les cas, avec l’augmentation des prix du carburant, le développement du voyage à vélo semble en avoir encore sous la pédale.


Reportage et photos : Hildegard Leloué

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