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« J’avais besoin de changer et d’être en cohérence avec mes valeurs »

par | 25 avril 2024


Un vendredi sur deux, le food-truck itinérant l’Eco-Errante s’installe au Local de Ballon (17), un tiers-lieu associatif qui a pris vie dans l’ancienne cantine du village. Reportage.


Impossible de louper le food-truck rouge vif. Face au bar, Françoise Persyn, foulard vert pomme sur la tête, s’active dans sa petite cuisine sur quatre roues. « Si j’avais une deuxième vie, j’essayerais de ne pas avoir peur, pour me lancer beaucoup plus tôt. » Il y a trois ans, cette ancienne responsable de cuisine dans une cantine scolaire a quitté son CDI pour monter son affaire. « Quand j’ai démarré en restauration collective en 2010, j’étais contente de faire bouger les choses. Je travaillais avec des producteurs locaux et j’essayais de proposer un maximum de bio. Mais le système a atteint ses limites. Petit à petit, je voyais que je n’avais plus beaucoup de flexibilité, de progression dans mon travail. J’avais besoin de changer et d’être en cohérence avec mes valeurs. »

Françoise Persyn propose essentiellement des burgers, cuisinés à partir de produits locaux et bio

C’est ainsi qu’est née l’Eco-Errante, food-truck itinérant en terre d’Aunis. Mobilité raisonnée, circuits courts, produits bio, « j’essaye de cocher toutes les cases pour limiter mon empreinte sur l’environnement. » Cela passe aussi par une limitation maximale des déchets, en toute circonstance : « Sur un festival, je me suis obstinée à servir mes plats dans des assiettes. Je ne voulais pas de produits jetables, même si ça ne va pas avec les habitudes de ce genre d’événement. J’avais embauché une personne pour faire la plonge. Avec de l’organisation, quand on veut, on peut. »

Des plats 100% végétariens

Au comptoir, les client·es sont friand·es de cette philosophie. Car en plus de proposer des produits du coin, la gérante réalise une cuisine entièrement végétarienne. « On a cette sensibilité sur le végétarisme depuis des années, explique Kévin, venu avec sa compagne Charlène. Alors c’est une aubaine de pouvoir consommer des produits qui nous correspondent. En plus ils sont locaux, et c’est super bon ! C’est fait aux petits oignons, on adhère totalement.
Il faut dire que Françoise Persyn est une locale de l’étape. Ce soir-là, elle connaît presque tout le monde. Habitante de Ballon, elle est une ancienne bénévole du tiers-lieu, qui abrite une épicerie et un bar associatif.

Le vendredi soir, les habitant·es se retrouvent autour d’un verre dans le bar associatif du Local de Ballon, puis partagent un moment au food-truck de l’Eco-Errante.

Un lieu à l’image des habitant·es

A 18h30, Emmanuel Jobin, le maire de la commune, arrive en famille. Élu aux dernières municipales en 2020, il termine ses courses dans le bar qui jouxte l’épicerie. Autour d’une bière les échanges sont vifs, les sourires affichés et les rires communicants. « A Ballon il n’y avait plus rien. Je suis arrivé en 2000, il y avait 500 habitants et c’était une commune dortoir. C’était crucial pour nous de changer cela”, explique-t-il. C’est ainsi qu’en 2016 plusieurs habitant·es, encouragé·es par la municipalité, ont décidé de se regrouper pour créer un lieu qui fasse vivre le village. « On était des ovnis il y a encore quelques années, continue le maire. Nous étions parmi les premiers à lancer ce genre de projet dans le coin. Depuis, c’est tendance, on en voit un peu partout dans les communes rurales. Mais avant le Covid, nous avions des personnes d’Aigrefeuilles-d’Aunis, à une dizaine de kilomètres, qui venaient ici. » Il faut dire que dans l’épicerie, la part belle est donnée aux producteurs locaux, et pour faire le plein on apporte ses contenants. Un maraîcher de la commune vend également sa production dans la cour du tiers-lieu de temps en temps. Le village de Ballon a su créer un lieu engagé, générateur de lien social. Et compte aujourd’hui 800 résident·es.


Rédaction et photo : Hélène Galiana

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