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La Bigatine, épicerie zéro carbone

par | 31 octobre 2023

La Bigatine, épicerie zéro carbone île d'Oléron

Dans l’île d’Oléron, Pierre-Jean Coppa et Samantha Medard sillonnent les routes, au gré des marchés, avec leur roulotte tractée par des mules. Ils ont créé il y a deux ans La Bigatine, épicerie zéro carbone itinérante. Un concept quasi unique en France.


En cette matinée d’octobre, l’été joue encore des coudes avec l’automne et l’arrière-saison continue d’attirer des touristes sur l’île d’Oléron. Au lever du soleil, une dizaine de producteur·ices et créateur·ices du secteur s’installent au port des Salines et ne tardent pas à être rejoint·es par les client·es averti·es de ce marché confidentiel situé en plein cœur des marais, au sud de l’île. Face à la fromagère, un stand intrigue. On s’approche, on regarde, avant de se faire héler par Pierre-Jean Coppa, l’un des fondateurs de l’épicerie La Bigatine : « Eh oui messieurs-dames, c’est bien en voilier que sont importés nos produits« . Mais ce n’est pas la seule particularité : quatre mulets tractent cette épicerie itinérante, qui s’installe au fil des marchés sur l’île, pour des trajets 100% décarbonés.

Pendant le marché, les mules pâturent dans un champ tout près des marais du port des Salines.

Voiliers et mulets pour une épicerie zéro carbone

La boutique tient dans une roulotte entièrement réalisée par Pierre-Jean Coppa et sa compagne Samantha Medard. À l’intérieur, les produits vendus en vrac sont calés parmi les souvenirs, un vélo et les cartes postales accumulées au fil du temps. Sur le toit, une planche de surf est accrochée ; « ça, c’est pour après » confie Pierre-Jean amusé. « Des commerces hippomobiles comme le nôtre, ça se compte sur les doigts de la main en France. On ne doit même pas être cinq. Nous avons fait un réel choix. Nous ne proposons pas d’éponges discount ou des pâtes de marque. Nous vendons des produits de qualité. Alors ils ont un coût, mais surtout sont équitables, exotiques et parfois aussi locaux. On vend par exemple le miel d’un apiculteur charentais et de l’huile de cameline produite à quelques kilomètres d’ici.« 

Faire venir nos produits par voilier est un parti pris. Déjà, nous profitons de notre situation géographique sur la façade atlantique. Et puis cela répond à notre philosophie. Nous recevons environ 1000 tonnes de denrées par voilier, deux fois par an. Des produits que nous sélectionnons pour leur propriétés et aussi leur rareté sur notre territoire.

Samantha Medard

Ici, le safran vient du Maroc, l’huile d’olive du Portugal et le café de Colombie. Des produits affrétés par le Gallant, une Goélette de la Blue Schooner Company, pionnière du transport de marchandises à la voile. Comme l’explique une affichette sur la devanture de la roulotte, si l’on prend un trajet entre Porto, au Portugal, et Dieppe, en Normandie, l’importation par voie maritime génère 425 fois moins d’émissions de carbone qu’avec des porte-conteneurs.

Les client·es de passage sur l’île sont intrigué·es par la roulotte en bout de marché

La roulotte, un vrai choix de vie

Pierre-Jean et Samantha vivent dans une autre roulotte qui les suit au gré de leurs engagements sur les marchés de l’île. Un mode de vie voulu au fil des ans par le couple de muletiers, qui avait le souhait de passer plus de temps avec ses animaux et qui voulait proposer un concept inédit sur le territoire, en accord avec ses valeurs. « Nous avons la chance de ne pas avoir beaucoup de dépenses fixes, pas de frais de loyer, ni d’énergie. Nous avons surtout besoin d’argent pour manger et pour nos animaux« . Mais malgré tout, l’activité reste compliquée. L’épicerie hippomobile reste confidentielle, même si petit à petit, elle fidélise sa clientèle. « L’été, nous faisons beaucoup de pédagogie pour expliquer notre concept et notre philosophie auprès des clients, le reste de l’année, nous avons quelques acheteurs réguliers« , explique le trentenaire. Aujourd’hui, le couple porte de nouveaux projets pour pérenniser La Bigatine. « Nous sommes en train de voir pour nous installer et produire nous même une partie de nos ventes« , précise Samantha. Actuellement Pierre-Jean est en cours d’installation agricole. Il souhaite produire des haricots secs et développer une activité d’arboriculture. Le couple recherche un terrain à acheter pour les futures cultures.


Rédaction et photos : Hélène Galiana

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