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Un coworking paysan prend place au tiers-lieu Le Clou

par | 9 juin 2022

Le Clou tiers-lieu Chauvigny photo de groupe

Tiers-lieu chauvinois associant Café-Librairie, Oenologie et Utilités solidaires, Le Clou inaugure officiellement son espace de travail partagé le 10 juin. Un coworking atypique, puisque ce sont trois structures paysannes qui y ont déjà établi leurs bureaux permanents. Reportage sur ce projet ambitionnant de faire cohabiter culture et agriculture.


En pleine cité médiévale de Chauvigny culmine Le Clou, un tiers-lieu insolite visant à associer café-librairie, chambres d’hôte, cave spécialisée en vin naturel, bar ludique, espace dédié aux producteurs locaux et recyclerie végétale. Le tout dans une bâtisse médiévale du XVème siècle. Si l’inauguration officielle des espaces de travail partagé a lieu le 10 juin, trois structures sont déjà venues prendre possession de leurs nouveaux bureaux cet hiver. Il s’agit des Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (CIVAM) en Vienne, Cultivons la Bio-Diversité (CBD) et de la Confédération paysanne.

Un coworking paysan pour renforcer les synergies

En matière de coworking, ces trois organisations n’en sont pas à leur coup d’essai. Elles partageaient déjà toutes les trois des bureaux à Chauvigny, et avant du côté de Montmorillon. Des trajectoires qui s’entremêlent parfois dès l’origine, puisque « ce sont les CIVAM de la Vienne qui ont décidé de créer Cultivons la Bio-Diversité en Poitou-Charentes, en 2009, » indique Dimitri Galbois, président de cette dernière. « L’objectif était de porter le sujet des semences paysannes dans le département, d’assurer la sauvegarde et la diffusion des savoir-faire qui les entourent.« 

En plus de présider CBD Poitou-Charentes, Dimitri Galbois co-gère une exploitation en agriculture biologique du côté de Vivonne.
En plus de présider CBD Poitou-Charentes, Dimitri Galbois co-gère une exploitation en agriculture biologique du côté de Vivonne.

Concernant la volonté de l’association d’intégrer un espace de travail commun, il explique que ce sont les lieux collectifs qui conviennent le mieux à la structure, d’un point de vue économique : « C’est une condition locative avantageuse qui permet d’assumer les budgets, le salariat, les frais pour tenir dans le temps et montrer aux financeurs qu’on arrive à tenir un budget. » Une volonté d’optimisation qui s’accompagne aussi d’une dimension sociale : « Ça favorise le côté convivial et l’entraide, » selon le président de CBD dans un sourire. « Une vision politique de l’agriculture très proche nous unit aussi, » continue Nicolas Fortin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne de la Vienne. « La vision de la Conf’, c’est ce qu’on appelle l’agriculture paysanne, une agriculture créée avec des paysans sur des modèles autonomes, économes et intégrés dans leurs milieux, » explicite-t-il. Un état d’esprit que l’on retrouve chez les trois structures. La coopération est une valeur cardinale de ce projet d’installation en commun : « on trouve que c’est bien, ça peut créer une synergie. »

Créer une dynamique locale

S’établir au Clou favorise par ailleurs une dynamique locale puisque le tiers-lieu permet les interactions entre les structures et le territoire tout en leur offrant de la visibilité : « Ce qui nous semble intéressant, à travers ce lieu, c’est d’avoir aussi un lien avec la société civile, de pouvoir mélanger culture et agriculture, » souligne Nicolas Fortin. Une proximité qui correspond avec la philosophie de la Confédération paysanne : « on évite d’être trop corporatistes, l’idée c’est d’être un syndicat de paysans qui travaille avec son milieu, » conclut-il.

En pleine installation des bureaux de la Conféderation paysanne au Clou : Thierry Pavageau, adhérent CIVAM et CBD, Nicolas Fortin, éleveur bovin et ex-porte-parole de la Confédération paysanne de la Vienne, et Ramón Benitez, adhérent du Clou (de gauche à droite).

Un tiers-lieu agriculturel

À l’origine du tiers-lieu, il y a d’abord Emmanuel Gaydon, coordinateur de La Grange aux Loups, un théâtre chauvinois spécialisé dans la promotion et la diffusion de spectacle vivant. Il est à l’initiative du projet avec Tangui Le Bolloc’h, lecteur professionnel auprès du jeune public. En mars 2020, leurs activités respectives sont arrêtées par la pandémie. Ils ont alors l’idée de co-créer une librairie dans cette demeure chauvinoise d’époque, alors mise en vente. Un collectif se crée progressivement autour du projet et le concept initial s’élargit. Une émulation qui donne naissance à un programme culturel foisonnant, autour du livre et du spectacle vivant. Emmanuel Gaydon voit se dessiner des projets artistiques potentiels mêlant culture et agriculture. « On a envie de nouer des partenariats avec les structures paysannes installées ici, explique-t-il. On sait par exemple que le CIVAM a des initiatives comme “Un samedi soir à la ferme”. Ce sont des choses qui nous parlent beaucoup, parce que Le Clou est très axé sur le spectacle vivant. » De son côté, Nicolas Fortin, déjà familier de ce type d’initiatives consistant à organiser « des rencontres sur des fermes avec marché paysan et spectacle, » se montre ouvert à leur donner une continuité : « La démarche je la trouve hyper intéressante, de pouvoir faire des soirées festives où on mêle agriculture et culture. » Bientôt le Clou du spectacle ?


Rédaction et photos : Hildegard Leloué

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