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Le Bêta-Lab : tiers-lieu rural… et Fabrique de Territoire

par | 25 mai 2020


Coup d’accélérateur pour le Bêta-Lab à Melle, dans les Deux-Sèvres. Ce tiers-lieu rural, qui se développe autour du numérique, de la fabrication, de la jeunesse et de l’esprit d’initiative, est lauréat de l’Appel à Manifestation d’Intérêt “Fabriques de Territoire”. Ce programme a été initié par l’Etat pour renforcer partout en France le maillage de ces espaces hybrides où “faire ensemble”, créer, apprendre, travailler, innover et bien plus encore. 300 tiers-lieux existants ou en projet seront ainsi soutenus d’ici 2022. Interview de Kim Delagarde, directeur de la Bêta-Pi, l’association porteuse du Bêta-Lab.


C’est quoi exactement le Bêta-Lab ?

Le Bêta-Lab est un tiers-lieu porté par la Bêta-Pi, association d’éducation populaire et de culture scientifique et technique. A l’origine, le projet était de créer un fablab. Nous étions en 2011, le mouvement des fablabs commençait à grandir en France, nous recevions les témoignages de copains qui se lançaient dans cette aventure, et nous avons rapidement vu un potentiel incroyable d’éducation populaire autour de la fabrication, du numérique et des nouvelles technologies. Dans un premier temps la ville de Melle nous a mis à disposition un petit local, et nous avons créé un partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) des Deux-Sèvres qui voulait développer de son côté un projet similaire. Nous proposons donc à tout un chacun, venu à titre personnel, professionnel, ou dans le cadre d’une association, d’apprendre à utiliser des machines à commande numérique en vue de la réalisation et de la fabrication d’objets. Il y a les imprimantes 3D pour les machines les plus connues, mais aussi le plotter de découpe qui va permettre de découper des autocollants ou des transferts pour réaliser des marquages de t-shirts, la brodeuse à commande numérique, et la découpeuse laser qui est un outil très puissant et précis donnant des finitions qu’on aurait du mal à avoir avec des outils traditionnels.

A quel moment le fablab a-t-il évolué en tiers-lieu hybride?

En 2017-2018, nous avons été lauréats d’un Appel à Manifestation d’Intérêt de la Région Nouvelle-Aquitaine, avec autour de la table la Communauté de Communes, la CCI et la Bêta-Pi. L’idée était d’accéder à un local plus grand, de faire des compléments d’équipements, et d’élargir le projet à un tiers-lieu qui aille au-delà du fablab. Nous voulions un lieu hybride où seraient présents le numérique, la fabrication au sens large, la jeunesse, mais aussi l’initiative, l’esprit d’entreprise, la démarche de projet. Nous avons déménagé l’an dernier dans un bâtiment du centre ville de Melle, et aujourd’hui dans le tiers-lieu on trouve les locaux de la Bêta-Pi, des permanences de la CCI, une télétravailleuse de la Région Nouvelle-Aquitaine, et on va bientôt accueillir une entreprise de communication. Avec l’association des Aînés Ruraux on a proposé une permanence autour des démarches administratives en ligne, il y a aussi un café réparation, et des ateliers Do It Yourself avec une association d’écologie pratique, autour de la fabrication de savons etc. Nous sommes soutenus par la Communauté de Communes Mellois en Poitou pour deux pôles : un pôle inclusion sociale avec l’accompagnement des personnes en difficulté numérique, et un pôle plus professionnel orienté vers le service aux entreprises et l’animation d’un réseau autour des usages numériques et de l’innovation technique.
Entre notre tiers-lieu et la vocation du programme “Fabriques de territoire”, qui est de dynamiser l’émergence de lieux hybrides avec une forte vocation numérique, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette. Quand on a vu cet Appel à Manifestation d’Intérêt et qu’on a lu le cahier des charges, on s’est dit que cela avait été écrit pour nous ! Nous avions toute légitimité à répondre. La force de notre lieu, c’est de réunir des acteurs très différents, des associations, des individus, une collectivité, la CCI. Tous peuvent avoir l’habitude de travailler de pair à pair, mais une association d’éducation populaire qui travaille avec la Chambre de Commerce et d’Industrie, c’est moins banal !

Maintenant que vous êtes Fabrique de territoire, qu’est-ce que ça va changer ?

Aujourd’hui l’enjeu pour nous est de donner vie à notre embryon d’identité, afin que demain il soit naturel pour tous les habitants du Mellois de se dire que s’ils ont un projet, le Bêta-Lab est un lieu offrant des ressources et une dynamique intéressante. Cela peut être le cas qu’une personne qui souhaiterait créer une association, ou monter une activité d’auto-entrepreneur par exemple. Nous allons continuer de chercher des partenaires pour qu’ils s’approprient le lieu et le projet. Je vous parlais de l’association d’écologie pratique qui est venue faire des ateliers avant le confinement. Elle vient de nous contacter car elle pensait installer ses bureaux à Melle plutôt qu’à la campagne, et se demandait si c’était envisageable de nous rejoindre. C’est encourageant, car quand les demandes de ce type-là se multiplieront, nous aurons fait le pari de ce tiers-lieu, qui est plus qu’un espace de bureaux partagés. C’est un projet commun. En réalité un tiers-lieu c’est une sorte de scène ouverte pour tout un chacun, c’est un espace que l’on se sent autorisés à s’approprier, où l’on se sent chez soi. C’est vraiment une position de chef d’orchestre discret qu’il faut qu’on arrive à bâtir. Avec le programme Fabriques de Territoire nous allons recevoir un accompagnement financier pendant trois ans, ce qui va permettre de bien structurer les choses. Trois ans c’est bien pour faire ses preuves. Après, j’espère vraiment qu’il y aura un travail d’animation du réseau de lieux identifiés Fabriques de Territoire. L’objectif c’est 300 lieux, pour le moment nous sommes 80 premiers lauréats, et en tant que lieux d’innovation nous avons des milliers de questions à nous poser collectivement. Donc oui j’espère qu’il y aura du lien entre nous et de la valeur ajoutée dans le fait de bénéficier de ce label.


Propos recueillis par Hélène Bannier
Photo haut de page (vue de Melle, réalisation par drone) : Bastien Guinard et Maxime Le Gallet
Photo portrait : Ce(tte) œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International

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