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A Romagne, en chemin vers l’Eco-Ecole

par | 14 juin 2022

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éco-école romagne 1

Depuis septembre 2021, l’école publique de Romagne, dans le sud de la Vienne, s’investit pour devenir une Eco-Ecole. Il s’agit d’un label européen porté au niveau national par l’association Teragir. Au programme, actions pour l’environnement, l’égalité entre filles et garçons et plus largement le vivre ensemble. L’établissement a déposé sa candidature fin mai. Réponse attendue d’ici fin juin.


Dans le couloir de l’école publique de Romagne, les plants de tomates, de courges et de betteraves semés par les élèves cohabitent avec les cartables. Tout comme une petite couleuvre venue se rafraîchir en cette chaude journée de printemps. Florence, agente communale chargée d’aider en maternelle et au périscolaire, l’attrape avec un torchon, la met dans un bocal et vient la présenter à la classe voisine. Elle prend soin de leur expliquer que non, il ne faut évidemment pas la tuer, parce que c’est une espèce protégée, parce qu’ elle n’est pas dangereuse et qu’elle est nécessaire à son écosystème.

Une candidature au label Eco-Ecole

Cette école de 54 élèves de maternelle et primaire, ancrée en milieu rural, attache une attention particulière à la biodiversité et plus largement à l’environnement. C’est cet intérêt qui a incité l’équipe pédagogique à travailler cette année au dépôt de sa candidature en vue d’obtenir la labellisation Eco-Ecole pour l’établissement.

« Entrer dans ce programme, c’est fédérer les enfants autour de l’environnement, c’est travailler avec des partenaires comme la municipalité et des associations. Cela a aussi pour but de sensibiliser les familles par le biais des élèves. »

Cécile Minot, directrice

Une des premières actions mises en œuvre a été la création d’un jardin où poussent des légumes, des fruits et des fleurs, à proximité de la cour de récréation. Désormais on y récupère les eaux de pluie. Chaque année, les enfants s’adonnent à l’élevage de petites bêtes, pour observer comment elles se développent et se demander comment les préserver. « Ce que nous allons faire l’an prochain, c’est un inventaire de toutes les espèces végétales et animales que l’on peut trouver à l’école, » continue la directrice.

Le jardin est le premier pas vers l'Eco-Ecole. On y trouve des plantations destinées au marché aux plants, une cabane recyclée, un récupérateur d'eau et un hôtel à insectes
Le jardin est le premier pas vers l’Eco-Ecole. On y trouve des plantations destinées au marché aux plants, une cabane recyclée, un récupérateur d’eau et un hôtel à insectes

Classe dehors pour tous les enfants

Ce lien avec la nature, il existe aussi par la mise en place de la classe dehors. De la toute petite section au CM2, tous les niveaux sortent une demi-journée par semaine pour mener des activités pédagogiques en plein air. Pour les élèves de deux à cinq ans, c’est le mercredi matin :

« Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir utiliser ce qu’il y a autour de nous, dans la nature, pour travailler des compétences abordées d’habitude en classe. On peut aussi tout simplement faire une balade découverte, on se pose des questions sur le paysage, son évolution au fil des saisons. Cela permet aux enfants de découvrir les environs, de se connecter à la nature, de prendre le temps d’écouter et d’observer ce qui les entoure. »

Marie Bouvot, enseignante de maternelle
Tous les élèves sortent en classe dehors une demi-journée chaque semaine. Pour transporter le matériel, ils utilisent une petite charrette
Tous les élèves sortent en classe dehors une demi-journée chaque semaine. Pour transporter le matériel, ils utilisent une petite charrette

Un lien fort avec La Grange Ouverte

Un des lieux privilégiés pour faire classe dehors est La Grange Ouverte, un espace de nature de plus de trois hectares autour d’un immense gîte. Propriété de la commune de Romagne, il est géré depuis 2018 par une association transformée en 2021 en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Un lien fort existe entre l’école publique du village et ce lieu. « L’histoire de La Grange ouverte est partie d’une fête d’école, se souvient Jean-Sébastien Blanc, président et directeur général de la SCIC. Avec plusieurs parents on s’est dit que c’était un bel endroit à vivre, et on souhaitait le rouvrir pour que les enfants de l’école puissent aussi en profiter. » Une des idées aujourd’hui serait qu’une activité de maraîchage puisse se développer sur le site, pourquoi pas pour fournir la cantine. A la fin du mois de mai, 35 élèves sont venus planter des tomates et des courges sur la butte de permaculture de la Grange Ouverte. Et dès le mois de mars, les CM1-CM2 y ont mis en terre des arbres fruitiers, deux pommiers, deux pruniers, un poirier et un cerisier.

L’idée c’était que les enfants puissent voir grandir, dans la durée, les arbres qu’ils ont plantés, et qu’ils se rendent compte qu’un fruit ça n’arrive pas tout seul. Cela contribue à l’éducation des enfants.

Jean-Sébastien Blanc, président directeur général de la Grange Ouverte
Fin mai, les élèves ont planté des courges et des tomates sur la butte de permaculture de la Grange Ouverte
Fin mai, les élèves ont planté des courges et des tomates sur la butte de permaculture de la Grange Ouverte


Parmi les membres de La Grange Ouverte, il y a Eric Marchand, agriculteur. Il produit notamment des pommes de terre, qu’il vend au magasin de producteurs géré par la SCIC mais aussi à la cantine de l’école. « Je lui en vends environ 50 kg toutes les six semaines. »

Une gestion des déchets aux petits oignons

Pain, poulet, oeufs, légumes secs, pommes de terre, cochon, farci poitevin, fromage de chèvre… Brigitte Fresson, la cantinière, prend soin de s’approvisionner en produits locaux, qui représentent 50% des aliments qu’elle cuisine pour une cinquantaine de repas quotidiens. « Et 12% sont bio, » souligne-t-elle. La gestion des déchets est aussi aux petits oignons. Depuis juin 2021, elle pèse au quotidien les restes des assiettes des enfants, des chiffres qu’elle transmet chaque semaine à la classe de CM1-CM2 qui convertit les données en graphiques. De quoi conjuguer mathématiques et sensibilisation au gaspillage alimentaire. « Ici la poubelle du jour pèse 500 grammes, » précise Brigitte Fresson avec un brin de fierté. « On a éliminé les serviettes en papier, chacun apporte la sienne. Les plastiques vont au recyclage, les restes de repas je les donne à mes poules et les épluchures de légumes je les mets dans mon compost. »

Chaque semaine, la cantinière transmet aux CM1-CM2 le poids des déchets générés à la cantine. Les élèves retranscrivent les chiffres sous forme de graphique
Chaque semaine, la cantinière transmet aux CM1-CM2 le poids des déchets générés à la cantine. Les élèves retranscrivent les chiffres sous forme de graphique

L’école sera bientôt équipée de son propre composteur, fourni par la commune. Il faut dire que la municipalité accompagne l’école dans sa transition. « Candidater au label Eco-Ecole est une bonne idée. On voudrait que notre école publique soit une vitrine pour la commune et pour le territoire, » confie le maire Jean-Pierre Maury. Cet hiver, la municipalité a changé tout le système d’éclairage de l’école pour des ampoules LED, moins énergivores.

« Cela fait baisser de plus de 60% la consommation d’énergie. Cela nous permet aussi de faire des économies, ce qui est nécessaire car l’électricité coûte cher, et de plus en plus cher.”

Jean-Pierre Maury, maire de Romagne

Par toutes ces actions, l’établissement espère obtenir cette année la médaille de bronze du label Eco-Ecole, soit le premier palier. Après avoir largement travaillé sur l’axe « biodiversité« , elle s’attellera ensuite aux autres critères du label, avec en vue les médailles d’argent, d’or et de platine. Pour remplir l’ensemble des objectifs, elle se donne encore trois ans.


Rédaction et photos : élèves de CM1-CM2 de l’école publique de Romagne, accompagné.es par Hélène Bannier, coordinatrice de la rédaction de Vivant et Marie Gilardot, enseignante.

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