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Poitiers, La Rochelle : des projets de supermarchés coopératifs pour consommer autrement

par | 11 mars 2019

supermarchés coopératifs


Ça bouge du côté des supermarchés coopératifs dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine. À Poitiers, le Baudet se constitue officiellement en coopérative le 15 mars. À La Rochelle, Ma-Coop multiplie les réunions publiques pour faire émerger le projet, la prochaine est prévue le 24 mars. Coup de projecteur sur ces deux initiatives qui mêlent à la fois coopération, esprit participatif, accès à des produits de qualité et locaux à des prix avantageux pour les consommateurs.


À Poitiers, « On est prêts »

Le projet de supermarché coopératif Le Baudet prend sacrément forme à Poitiers. Après un an et demi de maturation, l’association qui porte l’initiative passe à la vitesse supérieure. Elle crée officiellement la coopérative le 15 mars. L’ouverture d’un lab, local test par lequel huiler la mécanique de l’entreprise, est prévue avant le début de l’été. Trois lieux sont pressentis : le quartier des Couronneries, le quartier de la gare et Rivaud en centre-ville. “On va proposer une offre de produits alimentaires, de produits d’hygiène et d’entretien. La gamme sera suffisamment large pour ne pas avoir à faire des courses de complément à un autre endroit”, explique Ghislain Bourdilleau, initiateur du Baudet. Tous les projets que nous avons observés sont passés par cette étape intermédiaire de supermarché miniature. Il faut compter à peu près un an avant de passer à une surface de vente de 300m2.” Si Le Baudet est prêt à se lancer, c’est aussi parce que son plan de financement est sur les rails : “On a ce qu’il faut pour commencer : fonds de roulement, trésorerie pour acheter les produits, amortissement de plusieurs mois de location”. Pour le moment la future coopérative a de quoi faire l’acquisition d’une chambre froide, il lui en faudra quatre au total pour assurer la préservation des légumes, produits laitiers, viandes et surgelés, des produits qui se conservent à des températures différentes. Une campagne de financement participatif sera lancée en avril pour assurer cet investissement.

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L’association porteuse du Baudet à Poitiers se constitue en coopérative le 15 mars

Des supermarchés qui appartiennent à leurs clients

Proposer au plus grand nombre des produits si possible bio et locaux, entre 20% et 40% moins cher que dans les commerces traditionnels, voilà la principale ambition des supermarchés coopératifs. Comment faire baisser ainsi les prix ? D’une part, les membres de la coopérative viennent travailler trois heures toutes les quatre semaines dans le supermarché, ce qui permet une économie salariale très importante. D’autre part, les coopérateurs qui ont pris des parts sociales dans l’entreprise (condition incontournable pour venir y faire ses courses) ne touchent pas de dividendes. La marge, autour de 20%, ne sert qu’à assurer le fonctionnement du supermarché. C’est cette même intention de créer un lieu solidaire permettant de consommer autrement qui a donné envie à Karine Gillet de créer un supermarché coopératif à La Rochelle. “Mais c’est un gros projet et je ne me sentais pas de le porter toute seule” confie-t-elle. Une connaissance l’a mise en relation avec François Simon, qui avait la même idée en tête. Tous les deux se sont rencontrés, et mis au travail pour faire émerger Ma-Coop.

Ma-Coop constitue actuellement les groupes pilotes qui travailleront à la création du supermarché participatif

En novembre 2018 ils ont créé l’association porteuse du projet, Les amis de Ma-Coop, et ont organisé leur première réunion publique le 15 janvier 2019. “Nous n’avions pas fait beaucoup de pub et malgré tout, 90 personnes sont venues. Nous avons été surpris, et contents, de voir autant de monde !” raconte Karine Gillet. Une soixantaine de personnes ont adhéré à l’association, 25 d’entre elles se sont déjà inscrites pour participer aux six groupes pilotes : achats, aménagement, communication, informatique, juridique, gestion-finance. Les deux réunions publiques organisées le 24 mars serviront notamment à finaliser la constitution de ces pôles de travail, et à les mettre en action. Le groupe “achats” va par exemple s’occuper de repérer les produits qui pourraient rejoindre les rayonnages de Ma-Coop, et d’aller à la rencontre des producteurs locaux. “Nous voulons privilégier le bio, mais de façon intelligente. Entre un kiwi bio de Nouvelle-Zélande et des kiwis non bio mais cultivés de façon raisonnée en Charente-Maritime, nous allons nous orienter vers celui qui est produit localement. Après, comme dans tous les supermarchés coopératifs, il y aura sûrement des produits auxquels nous allons nous opposer et d’autres que nous allons vouloir soutenir, dans une démarche militante. Mais nous ne voulons être extrémistes dans rien, on va voter, décider ensemble.” Car c’est aussi ça l’esprit coopératif : la voix de chacun compte.

À La Rochelle comme à Poitiers : favoriser la mixité sociale

Pour ce qui est du bâtiment qui accueillera Ma-Coop à La Rochelle, la prospection reste encore à faire. Mais les porteurs de projet souhaiteraient privilégier une zone en périphérie, autour de La Pallice, Lagord, ou pourquoi pas Mireuil. “Il faut que le site soit facilement accessible et par ailleurs l’un des objectifs de la création du supermarché coopératif est la mixité sociale, pour que des personnes qui ne vont pas chez Biocoop puissent venir s’approvisionner à Ma-Coop. D’où notre intérêt pour ces quartiers. Nous ne voulons pas que ce supermarché participatif soit uniquement celui de personnes déjà convaincues par la nécessité de consommer autrement.” Cette volonté de mixité sociale, on la retrouve aussi dans les valeurs du futur supermarché coopératif de Poitiers. Pour devenir coopérateur au Baudet, il faut acheter 10 parts sociales à 10 euros “mais les étudiants et les personnes qui bénéficient de minima sociaux pourront ne prendre qu’une seule part, précise Ghislain Bourdilleau. Nous avons fait ce choix afin que ce supermarché soit accessible au plus grand nombre.” Pour que le lab test poitevin puisse vivre dans les meilleures conditions, 100 coopérateurs sont nécessaires, ils devront être 300 pour assurer le fonctionnement du futur supermarché de 300m2. A l’ouverture, la coopérative emploiera une personne à mi-temps pour gérer l’organisation. Un temps complet sera envisageable à partir du moment où l’entreprise comptera 150 sociétaires. “Ce sont des chiffres que nous avons calculés à partir des expériences des autres supermarchés coopératifs”. En effet, ces supermarchés d’un nouveau genre se multiplient en France, avec pour source d’inspiration première le Park Slope Food Coop de Brooklyn, créé en 1973 et comptant aujourd’hui pas moins de 1300 coopérateurs. Dans l’hexagone le pionnier est la Louve, créée à Paris en 2016. D’autres ont ouvert depuis, comme Supercoop à Bordeaux et Scopéli à Nantes. Dans un esprit de solidarité, ces supermarchés déjà structurés apportent conseils et outils de développement aux projets naissants. “On n’invente rien ! sourit Karine Gillet. On bénéficie des voies ouvertes par les projets qui nous ont précédés et nous profitons de leur expérience.” Ma-Coop espère pouvoir ouvrir ses portes d’ici un an et demi ou deux ans.


Rédaction : Hélène Bannier
Photo : Claire Marquis, Le Baudet, Virginie Colin-Cadu

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