Moyenne d’âge ? 65 ans bien tassés. Au repair café qui se tient chaque deuxième samedi du mois au local associatif Le Rouge Gorge à Parthenay, ce sont essentiellement des seniors qui viennent faire réparer leurs objets du quotidien. Avec une certaine conscience écologique, mais surtout beaucoup de bon sens pour cette génération qui n’a pas grandi avec le “tout jetable”. Reportage.
C’est l’affluence en ce début d’après-midi au Rouge Gorge à Parthenay. Une quinzaine de personnes attendent leur tour pour rejoindre, avec leurs objets défectueux, les tables centrales où les réparateur·ices bénévoles s’activent déjà. C’est la première fois que Serge, 81 ans, franchit la porte du Rouge Gorge, qu’il a découvert par le bouche-à-oreille. Il est venu avec son aspirateur dont le cordon est cassé. « Si c’est possible de faire réparer plutôt que d’envoyer à la déchetterie, c’est aussi bien. C’est pour empêcher la pollution et tout ça. Si on balance on ne sait pas ce que ça peut devenir. » Première fois aussi pour Jacky qui lance avec amusement : « Sauvons la planète… et mon radio CD ! Surtout mon radio CD, parce que sauver la planète, c’est quand même une autre dimension ! »

C’est Michel, 71 ans, qui prend en charge l’appareil de Jacky. « Un gros dossier madame ! Ce circuit-là ne me cause pas beaucoup. Cet appareil ne fonctionne pas du tout, ni sur pile, ni sur secteur. » Ce réparateur du samedi vient régulièrement apporter ses compétences au repair café depuis plus de deux ans, séduit par « le système de vie associative et parce que la société de consommation fait qu’on achète toujours du neuf alors que les vieux objets ont une âme, dit-on ! » Si Michel, qui a appris à bricoler en retapant sa maison pendant 20 ans, se dit « polyvalent mais spécialiste en rien« , Alberto au contraire était concepteur en électromécanique avant d’être à la retraite. Avec cette expertise, il répare tout ce qui va relever du domaine de l’électricité, de l’électronique et de l’électromécanique. Ou plutôt « réparer avec le propriétaire de l’appareil, pour lui montrer comment on fait. » Car c’est bien ça l’état d’esprit du repair café.

Alberto apprécie dans ces rendez-vous mensuels l’ambiance bienveillante, « c’est très amical et quand on voit les gens avec leur appareil réparé et des paillettes dans les yeux ça nous fait très chaud au cœur. » Avec les cinq bénévoles présent·es ce jour-là, il va pouvoir aider Christine, dont le bouton on/off du robot de cuisine semble avoir rendu l’âme, et Yves, venu avec son thermostat d’ambiance en panne, un brin désabusé : « On nous serine d’économiser le chauffage, l’énergie, mais quand on voit que l’obsolescence programmée est légalisée, il y a des questions à se poser !«

Cela fait près de sept ans qu’un collectif informel organise ce repair café au local associatif du Rouge Gorge. « C’est une émanation de l’Ecofestival qui avait lieu à Parthenay, se souvient Emmanuelle Dechargé, coordinatrice. Au début il y a eu un SEL, système d’échange local et de là est venue l’idée du repair café, pour défendre les valeurs d’écologie, d’économie, de solidarité et de partage. » Et c’est tout naturellement que le Rouge Gorge, qui se reconnaît dans ces convictions, accueille le rendez-vous mensuel, en échange d’une adhésion annuelle à l’association.
Rédaction : Eileen Nuliac Huesca, accompagnée d’Hélène Bannier
Photos : Bastien Guinard