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À Secondigny, l’association qui rend la forêt encore plus vivante

par | 26 novembre 2024

forêt vivante secondigny

Dans les Deux-Sèvres, la toute jeune association Forêt Vivante Secondigny, créée par des locaux, propose des animations pour partir à la découverte de la forêt domaniale. Des temps de sensibilisation et de partage de connaissances salués par les habitant·es et les collectivités.


Il vient de tomber des cordes. Un orage comme on en voit rarement en début de matinée. Il n’y a plus d’électricité à Secondigny. À quelques kilomètres de la commune, au bout d’un sentier qui mène au cœur de la forêt de Secondigny, Christophe Pannetier attend les adhérent·es de l’association Forêt Vivante Secondigny sur le parking pour leur annoncer la mauvaise nouvelle : l’animation sur les cinq sens prévue ce matin est annulée. «Même s’il ne pleut plus, sous les arbres, il va encore pleuvoir quelques heures», explique-t-il. Christophe est l’un des six co-présidents de l’association, créée en 2023 par une bande de copains et copines suite à une sortie en forêt.

«J’habite à côté de la forêt depuis une dizaine d’années, je m’y promène souvent. Avec ma compagne, on trouvait bizarre qu’il y ait des endroits où le bois n’est pas coupé de la même manière. En fait, on ne savait pas comment c’était géré.» Le couple a alors décidé de contacter l’Office National des Forêts pour en savoir un peu plus. C’est François Chion, le technicien forestier qui gère et suit ce massif de 431 hectares qui leur a répondu. «C’est quelqu’un de passionné et il était d’accord pour nous expliquer comment ça fonctionne. On a appelé les copains et copines autour, on était une quinzaine, et un dimanche matin il nous a fait une visite

Ils ont alors découvert que la forêt est divisée en 32 parcelles. Un document d’aménagement, rédigé pour 20 ans, définit pour chacune d’elles le type de travaux à réaliser. Certaines seront régénérées par voie naturelle en laissant les arbres germer, d’autres par plantation. D’autres encore seront améliorées. Quand on renouvelle une parcelle, on peut avoir 30000 tout petits chênes par hectare, et 150 ans après, il en restera une centaine de majestueux sujets. Entre-temps, de nombreuses opérations et coupes auront été effectuées. Ces travaux sont orchestrés par le technicien forestier. Pour François Chion, «l’objectif est de produire du bois de qualité. Certains chênes serviront de merrain pour la fabrication de tonneaux, d’autres bois seront vendus aux scieries pour du bois d’œuvre, de la pâte à papier, du bois de chauffage…»

On retrouve des traces de ce massif depuis les années 1500. Depuis la révolution, il appartient à l’Etat. Seulement 10% des forêts du département sont domaniales. Les Deux-Sèvres ont un taux de boisement de 10% de sa surface contre une moyenne nationale de 31%

Fonctionnement associatif

Une voiture, puis deux, puis une joggeuse arrivent sur le parking. La communication en ligne pour l’annulation de la journée n’a pas atteint tout le monde. Devant ce public présent malgré les intempéries, Christophe craque et propose d’animer l’atelier sur l’ouïe qu’il avait prévu pour ce matin. Ravi, le petit groupe le suit au milieu des chênes, châtaigniers, érables, alisiers et tilleuls, vers un lieu propice à l’écoute. «Je vous préviens, je ne suis pas animateur, lance Christophe. Mais je vais essayer de vous faire entendre les bruits de la forêt.» La jeune association fonctionne avec l’énergie des bénévoles en place. «La première sortie après la création officielle de l’association, en juillet 2023, était encore avec François Chion. On était 35, les premiers adhérents, se rappelle Christophe. Mais on ne pouvait pas toujours faire appel au technicien de l’ONF, alors on a imaginé d’autres animations, plus ludiques. Pour notre première sortie jeux de piste, on était 80 ! Il faisait beau, c’était très motivant.» Loin des cours magistraux dispensés par des expert·es, Forêt Vivante Secondigny est là pour provoquer des rassemblements et profiter des connaissances de chacun. Chaque animation se termine par un verre partagé pour la convivialité. La formule plaît. À l’issue de la séance d’écoute, une maman repart en demandant les dates des prochaines rencontres. «C’est sympa ce que vous faites», encourage-t-elle. Arrivée dans la région depuis peu, elle est ravie d’avoir découvert cette association à côté de chez elle.

Des citoyen·nes autour de la table

Il n’y a pas que les adhérent·es qui portent de l’intérêt à cette nouvelle association. «La mairie a été contente d’apprendre notre création. Elle a versé une subvention de 500 € sans qu’on la demande, explique Christophe. On va pouvoir diffuser un film cet hiver.» Forêt Vivante Secondigny a aussi été invitée par le Pays de Gâtine à participer à une réunion autour de la création d’une charte forestière. «On pensait y aller juste pour écouter et puis on s’est retrouvés à un atelier de travail autour de la sensibilisation du public. Il y avait des propriétaires exploitants et d’autres acteurs. Les gens étaient très coopératifs, tous avaient envie de s’écouter et de faire au mieux pour la sauvegarde de la forêt.» Les collectivités voient d’un très bon œil l’arrivée des citoyen·nes autour de la table.

Face aux enjeux du changement climatique, de l’érosion de la biodiversité et du partage des usages, il peut y avoir des conflits autour de la forêt. C’est un réservoir de biodiversité, un lieu de production économique, mais aussi un lieu de loisirs, de promenades, de sorties scolaires, de chasse. Dans nos travaux de concertation, nous n’avions pas d’acteurs usagers. La création de cette association est d’autant plus intéressante qu’elle propose des animations et actions de sensibilisation pour le grand public, qui feront partie intégrante de nos futures initiatives autour de la forêt
Camille Bévillon, directrice adjointe du Pays de Gâtine.

Intérêt partagé par le garde forestier : «Je suis favorable à la création d’associations qui ont un but constructif, qui sont dans l’échange. Ils vont pouvoir faire de la sensibilisation autour des vieux arbres, par exemple. Et peut-être servir de garde-fou. S’ils voient des grosses coupes, ils demanderont des explications. Même s’il peut exister des oppositions de points de vue, c’est bénéfique d’en discuter pour le public, pour la forêt, pour tout le monde.»


Rédaction et photos : Marie Gazeau

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