Et bien voilà, nous y sommes. Cela faisait un moment que nous souhaitions prendre le temps, et la route, pour
observer sur le terrain les actions en faveur de la transition écologique, économique et sociale de notre territoire. Nous ? Hélène Bannier, journaliste, et Virginie Colin-Cadu, communicante. Toutes deux entrepreneures salariées au sein de Consortium Coopérative, coopérative d’activité et d’emploi dédiée aux métiers culturels et créatifs en Nouvelle-Aquitaine. Notre objectif :
mener une étude de faisabilité pour la création d’un média local participatif qui révélerait les alternatives citoyennes et entrepreneuriales à l’œuvre, qui pourrait aussi en inspirer d’autres et contribuer à la dynamique de mise en réseau des initiatives positives de notre bassin de vie (16-17-79-86). Afin de travailler notre projet et commencer à rencontrer les acteurs de ce monde en transition, nous avons choisi de nous exporter 48 heures en Charente-Maritime.
Biodiversité d’une ferme marine
Tout d’abord, cap sur la Ferme Marine d’Artouan à Saint-Just-Luzac, près de Rochefort. Pour rejoindre la ferme nous nous enfonçons dans des petits chemins blancs au cœur des marais. Nulle âme qui vive à l’horizon, si ce n’est quelques mouettes et quelques vaches qui cohabitent sur ces terres marécageuses. Un décor de bout du monde.
David Mercier explique à Hélène le principe de cohabitation des huîtres et des crevettes dans les claires
Le propriétaire, David Mercier, nous accueille en nous annonçant que nous sommes les premières à réussir à rejoindre la ferme marine sans assistance téléphonique (oui, fierté !). Aucune signalétique en effet, il faut dire que la ferme marine n’existe que depuis mai 2017, date à laquelle David et sa femme Ingrid ont racheté cette ancienne exploitation ostréicole abandonnée. Sur place, ils affinent des huîtres et élèvent des crevettes impériales. “
Le site fait 11 hectares, mais nous avons seulement 2,5 hectares de surface en eau, explique David.
On a donc fait le choix de tirer parti un maximum de ce qu’on pouvait trouver sur place : lavande de mer, salicorne, moutarde sauvage, obione… D’où le nom de ferme marine. Nous avons prévu d’organiser une identification des plantes comestibles dans le marais pour voir si d’autres produits issus de la ferme peuvent être valorisés.”
Privilégier la qualité à la quantité
La ferme marine n’affine que des huîtres naturelles, nées en mer. Pas question pour David Mercier de produire des
huîtres triploïdes. Ces dernières sont des organismes vivants modifiés (OVM) et représentent plus de 50% de la production ostréicole en France. Il est vrai que produire de la triploïde est plus rentable (cycles de production plus court, stérilisation qui la rend moins laiteuse l’été et permet donc d’en vendre toute l’année…).
“Ici on se casse la tête à faire des produits sains et propres, avec l’envie de ne faire que de la pousse en claires (ndlr : la Rolls de l’huître). Alors oui, on doit faire 5 tonnes par an quand notre voisin en fait entre 1000 et 1200… Mais on préfère privilégier la qualité à la quantité.”
Crevettes impériales fraîchement pêchées
Pour les crevettes impériales, David a aussi fait
le choix de l’extensif plutôt que de l’intensif. Les crevettes grandissent dans les claires où elles cohabitent avec les huîtres. Une proximité vertueuse puisque la nuit les crevettes brassent la vase pour rechercher de la nourriture, ce qui limite la photosynthèse et ainsi la formation d’algues en été, néfastes aux huîtres.
David pêche les crevettes impériales à la commande, et nous ne résistons pas à l’idée d’en acheter quelques-unes pour notre dîner. Nous partons donc avec nos crustacés, vivants. Nous tairons l’épisode de la cuisson… interdit aux moins de 16 ans !
La Grand’Ourse, un lieu hybride pour consommer, travailler et se cultiver autrement
Consommer autrement : La Grand’Ourse privilégie les productions locales
Pour allier temps de travail sur notre projet et
rencontre avec des personnes qui font bouger les lignes de leur territoire, nous ne pouvions pas rêver mieux qu’une session à La Grand’Ourse, seconde étape de notre immersion. Situé dans la très jolie bourgade de Saint-Sauvant, à côté de Saintes, ce tiers-lieu réunit dans un même espace :
- un bistrot proposant une cuisine à base de produits locaux et des boissons du coin – et non les enfants, ici y’a pas d’Oxxxxxxa, on boit du sirop produit à côté de Saintes ou du jus de kiwis d’une exploitation voisine ! –
- une brocante ultra classe dans l’espace du resto-bar, pour donner une seconde vie au vintage plutôt que d’aller acheter du mobilier neuf chez une enseigne suédoise
- un espace de coworking (8 personnes) + une salle de réunion + un espace de travail partagé pour les professionnels du bien-être (sophrologue, magnétiseur, psychologue…)
- une programmation musiques actuelles audacieuse
Du bar associatif au tiers-lieu
La Grand’Ourse, nouveau tiers-lieu à Saint-Sauvant (17)
La Grand’Ourse a ouvert en mai 2018, sous l’impulsion de Blandine, Anne-Claire et Chloé. Blandine et Anne-Claire n’en sont pas à leur premier coup d’essai dans la création de lieux alternatifs. Elles ont monté et géré pendant 4 ans L’Ogre Rouge, un bar associatif à Vénérand où elles programmaient de nombreux concerts. C’est là-bas qu’elles ont rencontré Chloé. Toutes les 3 ont migré à Saint-Sauvant car elles recherchaient un lieu plus grand “
pour développer le champ des possibles” et permettre à chacune de déployer son domaine de prédilection :
le coworking pour Chloé, la programmation musicale pour Blandine et la brocante pour Anne-Claire. “On a eu envie de réunir tout ça, avant même de connaître le concept de tiers-lieu” raconte Blandine. Et la partie bistrot ? “
Il ne peut pas y avoir de proposition culturelle sans une offre de restauration ! ” Le maire de Saint-Sauvant les soutient depuis le début, ravi de voir rouvrir le restaurant du village et de voir arriver 3 jeunes femmes fourmillant d’idées pour dynamiser ce territoire rural.
La Grand’Ourse, on s’y sent tellement bien qu’on y a passé … plus de 9 heures ! La moitié du temps dans la salle de réunion que nous avions réservée pour travailler sur notre étude de faisabilité – et nous avons appris que nous étions les toutes premières à l’utiliser (oui, fierté bis!) -, l’autre moitié du temps en terrasse, pour se rafraîchir, échanger longuement avec Blandine et Anne-Claire, et
observer la vie de de ce lieu inspiré et inspirant.
Encore plein de choses à raconter sur La Grand’Ourse et la Ferme Marine d’Artouan, nous le ferons en temps voulu. Pour l’instant, on a du pain sur la planche pour faire émerger le média Vivant !