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De l’immeuble à la yourte : bienvenue à l’éco-camping de La Frênaie

par | 15 juillet 2021


Au cœur du Marais Poitevin à La Grève sur Mignon (17), La Frênaie est bien plus qu’un éco-camping où les vacanciers peuvent profiter d’un séjour en habitat léger. Depuis 2007, cette coopérative fabrique des yourtes et accompagne les personnes dans leurs projets d’autoconstruction. Autre axe majeur de son activité, la transmission autour de la nature et du savoir-faire manuel. C’est dans ce cadre que La Frênaie a ouvert ses portes, début juillet, à un groupe de la Résidence Habitat Jeunes “Kennedy” implantée à Poitiers.


Les yourtes, de la théorie à la pratique

« Le nomadisme est présent partout dans le monde, sur tous les continents : chez les Mongols, les Inuits, les Indiens… et même ici, à La Frênaie », inaugure Estelle Rodon, co-gérante du site, auprès d’une yourte de démonstration. D’une hauteur d’1m40 environ, ce modèle pédagogique permet de s’initier au démontage et au remontage d’une yourte, de se familiariser avec ses matériaux et son fonctionnement général. « A votre avis, si on veut la démonter, par où va-t-on commencer ? » Les réponses fusent de part et d’autre du groupe, composé de locataires et de salariés de la Résidence Habitat Jeunes Kennedy de Poitiers. « Quand on démonte une yourte, il faut garder à l’esprit le fait qu’on va la remonter derrière, et donc anticiper ce remontage dans chacune de nos actions, par exemple en repliant la toile du chapeau au fur et à mesure, ou en faisant des nœuds simples à défaire ». Une session de découverte résolument dynamique puisqu’elle implique que chacun réfléchisse, questionne et s’investisse. Les participants s’emparent rapidement du sujet, et montrent un fort intérêt pour les techniques de construction. L’occasion pour Estelle Rodon d’expliciter la source des matériaux : des bois prélevés dans la région du Marais Poitevin en période hivernale, tels que du sapin, du noisetier, mais surtout… du frêne, auquel l’éco-camping doit son nom. Le site comporte 63 couchages répartis sur sept yourtes de différents formats. Après une visite du lieu, des questions pratiques ayant trait au chauffage, à l’isolation et à l’ameublement, un détour par l’atelier de fabrication vient parfaire cette initiation à l’éco-construction.

Estelle Rodon, co-gérante de La Frênaie

L’habitat léger, une réponse à la précarité des jeunes en termes de logement ?

Si ce jour-là, les jeunes de Kennedy viennent pour la première fois à La Frênaie, ils n’en sont pas pour autant à leur coup d’essai en matière de fabrication de yourte. « Cette demi-journée de rencontre et d’initiation a pour but de compléter un projet de construction que l’on mène depuis un an et demi en partenariat avec Habitat Libre en Poitou. Fin juin, une yourte de huit mètres de diamètre a pris ses quartiers au pied de la tour Kennedy pour y passer l’été », explique Euryale Barthélémy, coordinatrice de la vie collective et de l’animation. Pour voir le jour, cette yourte a mobilisé le travail des habitants de la résidence, collectivement invités à participer au chantier de l’étape de la fabrication à celle du montage. Cet espace éphémère est voué à être un lieu de partage pour les habitants et les autres associations du quartier. Pour l’équipe de Kennedy, le choix de la yourte est avant tout politique, « on se pose la question de savoir si l’habitat léger qu’est la yourte peut constituer une réponse à la précarité des jeunes en termes de logement. » La visite de La Frênaie vient donc compléter cette première expérience de fabrication. Elle est organisée dans le cadre du dispositif “Vacances pour toutes et tous”. C’est Ekitour, agence de tourisme social et responsable, qui en est l’organisatrice.

« Lorsque j’ai élaboré cette journée avec Ekitour, je supposais que les jeunes qui avaient participé au chantier de la yourte de Kennedy pourraient avoir envie d’approfondir leurs connaissances de ce type d’habitat durable. L’éco-camping et l’atelier de la Frênaie me semblaient tout indiqués pour cela, puisqu’il sont ouverts au public et regorgent d’animations ».

Euryale Barthélémy, coordinatrice de la vie collective et de l’habitation à la Résidence Habitat Jeunes Kennedy
Dans la continuité de cette sortie, Euryale Barthélémy souhaite proposer l’an prochain une session de deux jours à La Frênaie pour permettre aux jeunes d’appréhender la vie en yourte

Des Vacances pour toutes et tous
« Vacances pour toutes et tous » est un dispositif impulsé par la mairie de Poitiers en 2020. Il propose des sorties à la journée, des séjours ou encore des activités ponctuelles pour les enfants, les adolescents et les familles. L’objectif est de permettre à chacun de partir en vacances, en proposant des tarifs indexés sur le quotient familial. Chaque année, 47% des Français ne partent pas en vacances, dont trois millions d’enfants.

« Je me vois bien adopter l’habitat léger dans le futur »

Pour Dragan François, 21 ans et locataire d’une chambre à Kennedy depuis début avril, cette construction en plain-pied est un vrai dépaysement par rapport au 6ème étage auquel il est habitué. La yourte lui apparaît comme une « façon originale de se loger, et respectueuse de l’environnement ». Cet ancien cuistot en reconversion vers les métiers du social apprécie également la dimension économique de cet hébergement alternatif : « il n’y a qu’à investir dans les matériaux, plus besoin de payer de loyer ! » Un critère qui le pousse à considérer la yourte comme une potentielle solution d’avenir : « C’est vrai que je suis tenté par ce type de logement, j’ai toute ma vie pour y réfléchir, mais oui, je me vois bien adopter l’habitat léger dans le futur. Si J’ai choisi de participer à cette journée, c’est justement par intérêt pour le concept des yourtes, mais aussi pour l’éco-camping en lui-même, qui me semble beaucoup mieux qu’un camping traditionnel en matière d’environnement. » Du même âge que Dragan, Rostand Siyo est résident d’un studio de Kennedy depuis trois ans. Lui ne pense pas vivre en yourte plus tard, « à moins qu’elle soit très bien équipée ! » Mais il confie avoir pris plaisir à participer à la construction de celle de Kennedy. « Je n’avais pas d’emploi à ce moment-là, alors ces deux mois passés à construire une yourte de A à Z m’ont permis de m’occuper tout en découvrant une nouvelle forme d’habitat. »

Dragan François et Rostand Siyo, résidents de Kennedy

Aujourd’hui, La Frênaie constate un véritable essor de la yourte : « La tranche d’âge de nos clients s’élargit beaucoup en ce moment : de plus en plus de personnes de la soixantaine développent des projets de construction de yourtes, explique Estelle Rodon. En fait, une fois les enfants partis, elles se retrouvent avec une grande maison qu’elles n’ont plus envie d’entretenir. Le retour à la nature est également favorisé par cette période post-pandémie, qui pousse à rechercher des habitats plus légers, nomades et réversibles, qui ne laissent pas d’empreintes au sol. » Mais pourquoi cet engouement pour la yourte en particulier ? Pour la co-gérante, ce succès tient avant tout au bon compromis qu’elle offre entre confort et légèreté : « La yourte a l’avantage d’être à la fois confortable et nomade, de pouvoir varier en superficie, mais aussi d’être facile à isoler et à chauffer par rapport à d’autres types d’habitats légers plus rustiques, tels que le tipi. » Des sessions portes-ouvertes sont organisées, une fois par mois, pour répondre aux questions des personnes curieuses d’en apprendre davantage sur la fabrication ou la vie en yourte.


Rédaction et photos : Hildegard Leloué

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