Trois ans après avoir baissé le rideau, l’ancien Intermarché de Lusignan (86) reprend vie sous la forme d’un tiers-lieu animé par le Collectif Mélusine. Recyclerie proposant notamment des tarifs adaptés aux personnes en difficulté, ateliers de fabrication et de réparation, activités autour du jeu et du spectacle… le tiers-lieu La Mélusine s’active pour fédérer l’écosystème local, créer du lien et dynamiser les campagnes. Photo-reportage.
Un ancien supermarché en cours de réhabilitation
« Nous recherchions un lieu multi-activités où implanter une recyclerie, des bureaux partagés, un fablab, un biolab et un espace de jeu et de culture, » explique Terry Mougenot, cofondateur du tiers-lieu. C’est à l’hiver 2020 que le Collectif Mélusine, auparavant actif à Cloué, s’est installé à Lusignan dans les 2 400 m2 de bâtiments d’une friche commerciale. L’installation est progressive et les travaux d’aménagement encore en cours. Ce sont les bénévoles qui les prennent en charge. « On fait avec ceux qui ont les compétences. On a beaucoup de corps de métiers autour de nous, c’est aussi ce qui nous aide. »
Fédérer l’écosystème local
La Mélusine rassemble des particuliers, des associations et des entrepreneurs, avec l’idée de partager les moyens humains et matériels. « Nous avons d’abord fédéré des associations dans notre secteur d’activité, le spectacle vivant, le jeu et l’animation, détaille Cathy Barreteau, co-fondatrice. Puis nous avons développé le volet de l’économie sociale et solidaire et de la transition écologique.” Les Mélusins en transition font partie des associations à avoir participé à des événements organisés à La Mélusine. L’Atelier du Soleil et du Vent, spécialisé dans l’autonomie et la résilience énergétique, s’apprête à déménager ses activités au sein du tiers-lieu au printemps.
« On a envie de faire bouger le territoire, et faire en sorte que Lusignan ne devienne pas une ville dortoir, » souligne Terry Mougenot. Des partenariats ont également été créés avec les collectivités de Lusignan et Saint-Sauvant, autour de propositions culturelles, ludiques mais aussi sociales : la recyclerie de La Mélusine fournit des équipements à des personnes en difficulté (divorce, perte d’emploi…). Les tarifs sont adaptés en fonction des capacités des bénéficiaires.
Réemploi et recyclerie
« Cela fait très longtemps qu’on fait du réemploi sur les décors et les costumes qu’on fabrique, » explique Cathy Barreteau. La recyclerie s’est tout d’abord construite autour de matériel de spectacle, puis s’est élargie vers les équipements de la maison et de la personne. Les biens proviennent des particuliers, collectivités et entreprises. Tout objet est accepté à la condition qu’il soit réparable, et dans la mesure où le prix de la réparation n’excède pas 20% de sa valeur. La recyclerie a mis en place des services permettant d’élargir au maximum l’éventail des dons. Des garanties d’effacement de données sont par exemple instaurées sur le matériel informatique pour rassurer les entreprises partenaires. La recyclerie propose également un service de vide maison qui facilite les déménagements sans passer par la case poubelle.
Pour donner une seconde vie aux objets proposés à la recyclerie, l’arrière-boutique fait office d’atelier de tri, de réparation et de démantèlement. Quand l’objet n’est pas réparable, les pièces détachées sont récupérées et vendues séparément. Souhaité comme un outil de proximité pour la réduction des déchets, la recyclerie est aussi un lieu de formation, de transmission de bonnes pratiques et de sensibilisation. Des cafés-réparation sont organisés le samedi après-midi.
Un espace d’expérimentation : le fablab – biolab
Ici on dope l’inventivité en donnant accès à des outils de fabrication numérique. Et c’est Marcelin et Léo, les fabmanageurs, qui orchestrent tout cela. Cet espace sert en premier lieu au collectif pour la réparation de certains objets de la ressourcerie et pour répondre à des commandes. Le fablab est ouvert au public le mercredi et le samedi après-midi. On peut venir apprendre à fabriquer des objets au moyen des machines à disposition, imprimantes 3D, brodeuse numérique, découpe laser, fer à souder etc. En complément, le biolab est un lieu d’expérimentation pour petits et grands autour du vivant et du minéral . On peut y reconstituer un volcan par exemple.
Des ateliers de travail partagés
A l’arrière de la recyclerie, il y a l’atelier couture. Cathy Barreteau l’a créé dans la continuité de son activité de costumière pour le spectacle vivant et les jeux de rôle. Elle crée, rénove et réemploie des vêtements et assises. Avec Emilie Guibert, autre couturière, elle partage l’atelier, certaines machines et savoir-faire. Cet espace couture est aussi ouvert au public le mercredi après-midi. Tout comme le fablab, les machines sont à disposition et l’objectif est d’initier, faire découvrir et former les habitant.es aux petites réparations. Autre espace partagé au sein du tiers-lieu, l’espace de coworking fraîchement inauguré qui compte quatre postes de travail et une salle de formation-réunion.
Les co-fondateurs
Terry Mougenot et Cathy Barreteau portent le projet depuis le début et le font vivre à temps plein, avec une dizaine de bénévoles actifs. Aujourd’hui les envies foisonnent pour continuer de développer le tiers-lieu : l’idée d’un café associatif est en maturation. L’univers ludique, si cher aux co-fondateurs, devrait prendre la forme d’un Game lab, soit un escape game de 9 salles, sur 400 m2. Ce projet occupera toute l’équipe de la Mélusine ces prochains mois, pour aménager les espaces, créer les décors et les costumes. Rendez-vous à l’été 2022.
Rédaction et photos : Chloé Penavaire-Simon