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Roule Ma Frite 17 carbure aux nouveaux projets

par | 22 février 2021


Que faire des milliers de litres d’huiles alimentaires usagées qui sortent de la restauration privée et collective ? Pendant longtemps Roule Ma Frite 17 les a valorisées en les transformant en carburant. En 2021, l’association basée à Dolus d’Oléron ouvre de nouveaux débouchés. Elle distribuera à partir du printemps des nettoyants et huiles techniques fabriquées à partir d’huile de friture. Entre autres projets. Interview de Patrick Rosset, président de l’association.


Roule ma frite 17 va désormais distribuer les nettoyants professionnels fabriqués à partir d’huile de friture par Centrale Corse Bio. Comment est née cette collaboration ?

Nous avons découvert cette société dans un communiqué de l’ADEME. L’article nous a aussitôt interpellés puisque leur matière première c’est l’huile de friture, comme nous ils sont sur une île, et ils ont la même problématique, qui est de pouvoir traiter localement les huiles usagées. Cette société a été fondée par deux chimistes. Ils ont réussi à créer des produits lessiviels correspondant aux normes sanitaires de la restauration privée et collective, et aux normes techniques demandées pour les bateaux, la voirie etc. Ils ont aussi trouvé comment fabriquer des huiles de décoffrage, fortement consommées par les acteurs du BTP sur les chantiers. Nous avons donc pris contact. Notre démarche les a intéressés car de leur côté, ils ont besoin de grandir au niveau commercial. Nous allons donc être leur distributeur exclusif sur la façade atlantique, en Charente-Maritime, Gironde et Vendée. Nous sommes en train de démarcher les bases nautiques et les capitaineries, pour le carénage. Le produit est biodégradable et n’a pas d’impact dans l’eau. Le nettoyage des bateaux peut donc se faire à flot, alors que les produits qui sont utilisés actuellement sont dangereux. Tous les ports sont maintenant dans une démarche “port propre”. Notre proposition répond donc à leur demande.

Avez-vous prévu de fabriquer vous-mêmes ces produits nettoyants, dans l’Ile d’Oléron ?

Oui, c’est prévu dans un deuxième temps. Nous avons un accord d’achat de licence avec Centrale Corse Bio, pour que nous puissions fabriquer les produits sur place. Puisque le but du jeu n’est évidemment pas d’importer des produits qui traversent toute la France. C’est au contraire de récupérer la matière première en Charente-Maritime, puis de proposer aux professionnels des produits en économie circulaire. Par exemple, un restaurateur va nous donner son huile usagée, ensuite on va lui vendre un produit lessiviel à base de sa propre huile. Même chose pour les bateaux. On pourra les nettoyer grâce aux frites mangées dans les restos autour du port ! C’est tout un processus positif. Et cela pourrait permettre de créer des emplois sur place. Roule Ma Frite est aussi une association à but social.

Combien de litres d’huile usagée collectez-vous chaque année, et auprès de combien de structures partenaires ?

Nous travaillons avec à peu près 400 structures, des restaurants, des cantines, des EHPAD et des collectivités qui ont un réfectoire. Nous avons un partenariat avec quatre communautés de communes, Oléron, Marennes, Royan et Rochefort. Cela représente environ 80 000 litres d’huiles collectées chaque année. Forcément en ce moment avec la fermeture des restaurants, c’est très calme.

Roule Ma Frite veut désormais diversifier les types de déchets collectés chez les restaurateurs. C’est une façon de rendre service aux professionnels du secteur ?

Effectivement, nous récupérons actuellement les bouchons de liège, en partenariat avec l’association Echo-Mer, et nous pourrions aussi collecter le marc de café et les bidons en plastique. Il faut que nous trouvions des partenaires, et des débouchés pour faire de ces déchets une matière première de qualité et vendable. Le but est bien de trouver des solutions pour les restaurateurs, parce que la taxe des ordures ménagères va fortement augmenter d’ici trois ou quatre ans. Quelqu’un qui paye 2000 euros va en payer entre 6000 et 8000 à volume constant. On cherche donc des idées pour leur faire diminuer le volume de leurs poubelles et la facture, dans une démarche d’économie circulaire et en travaillant localement.

Vous travaillez également avec des étudiants de l’EIGSI, école d’ingénieurs à La Rochelle. Leur challenge : fabriquer un estérificateur low tech pour l’association. À quelles fins ?

L’idée est de pouvoir fabriquer de l’ester avec de l’huile de friture, qui permettrait de concevoir des additifs pour les chaudières. Car à partir du 1er janvier 2022, le fioul utilisé dans les chaudières devra absolument contenir une part de produits biodégradables issus de la filière alimentaire. Nous sommes donc en train de de fabriquer du F10 et du F30, autrement dit des fiouls qui contiennent 10% ou 30% d’ester méthylique d’acide gras. Nous souhaiterions pouvoir proposer ce genre de produit aux collectivités qui ont de grosses chaudières au fioul et qui seront obligées de se mettre aux normes.

Autre partenariat, cette fois avec Roule Ma Frite 66, dans les Pyrénées Orientales. Sur quelle action ?

Roule Ma Frite 66 se trouve dans une région où il y a énormément de bois, de forêts domaniales. L’association a donc développé des huiles filantes pour les chaînes de tronçonneuses et la sylviculture, toujours à partir d’huiles usagées. C’est une réponse à la demande locale. Nous nous sommes dit que nous pourrions distribuer leurs produits dans notre secteur, puisque les huiles qui sont utilisées jusqu’à présent ont un fort impact écologique. Nous sommes actuellement en test avec l’Office National des Forêts de Charente-Maritime.


Propos recueillis par Hélène Bannier
Photo : Annabelle Avril

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