C’est la dernière création de la marque West Wood Tiny développée à Vausseroux, un petit village à 10 km de Vasles dans les Deux-Sèvres. Tiny Ô Sun est un module offrant de l’autonomie en énergie renouvelable et en eau aux habitats légers et/ou mobiles, tiny houses, yourtes, cabanes… West Wood Tiny est porté par Citezen, une entreprise créée par Eddy Fruchard, ancien artisan-gérant de la société coopérative Bois et Paille et fervent partisan d’un autre mode de construire et d’habiter.
Eau et énergie renouvelable comme sur des roulettes
Pour découvrir la Tiny Ô Sun, il faut se rendre au lieu-dit de Montravelle rattaché à la commune de Vausseroux dans les Deux-Sèvres, dans une ancienne ferme convertie en atelier et en lieu d’habitation. Vue de loin, elle pourrait ressembler à une pièce supplémentaire pour un habitat mobile, ou à une remorque haut de gamme où ranger des affaires volumineuses. Mais c’est tout autre chose qu’on y stocke. À l’intérieur de la Tiny Ô Sun se trouve un parc de deux batteries de stockage d’électricité relié à quatre panneaux photovoltaïques fixés au toit. Sont également installées deux cuves d’1 m3, l’une pour l’eau potable, l’autre pour les eaux usées récupérées quand il n’y a pas d’accès à l’assainissement. “L’idée c’est de pouvoir donner de l’autonomie relative à des tiny houses, des yourtes et des petits habitats type cabane, tout ce qui est logement alternatif, explique Eddy Fruchard, à l’origine de la marque West Wood Tiny. Ça peut être utile aussi sur des festivals, des événements au milieu d’un champ, sur tout site isolé. Ou bien quand on est locataire d’une maison, qu’on ne peut pas installer des panneaux photovoltaïques mais qu’on veut investir dans un module qui offrira une autonomie énergétique, en être propriétaire et pouvoir le déplacer n’importe où !” L’avantage de cette annexe, c’est sa mobilité. “Avec la remorque on peut aller au plus près des réseaux, remplir sa cuve d’eau potable, vider celle contenant les eaux usées, et ramener la Tiny Ô Sun sur son terrain« . Autre intérêt, la souplesse de son emplacement par rapport à l’habitat auquel elle est reliée : une rallonge de 20 mètres permet un raccordement à distance si la configuration du terrain ne permet pas d’installer le module au plus près du logement.
Tiny houses et insertion professionnelle en milieu rural
A l’origine, la Tiny Ô Sun a été créée pour répondre au besoin d’Un toit en Gâtine. En 2017, cette association de Parthenay, dont la mission est de faciliter l’accès au logement, s’est tournée vers West Wood Tiny pour la fabrication de tiny houses. L’objectif : développer de petits habitats mobiles et écologiques en milieu rural pour des jeunes apprentis et stagiaires qui trouvent des patrons dans des villages, où les offres de logement temporaire sont quasiment inexistantes. Un manque pour l’insertion professionnelle des jeunes, un manque aussi pour les artisans et petites entreprises locales qui peuvent avoir des difficultés à recruter, faute d’offre d’hébergement à proximité. Explications de Valérie Leloup, directrice d’Un Toit en Gâtine :
Quand elle prévoit l’installation d’une tiny house dans un village, l’association n’a pas toujours la garantie de pouvoir bénéficier des réseaux publics ou privés pour alimenter le petit habitat en eau et électricité. D’où la demande de conception de la Tiny Ô Sun, qui répond à ce besoin d’autonomie.
West Wood Tiny et l’exploration de l’habitat insolite
Eddy Fruchard, charpentier, est l’ancien artisan-gérant de Bois et Paille, entreprise coopérative d’écoconstruction qu’il a fondée en 2007. C’est en 2017 qu’il crée la marque West Wood Tiny avec Grégoire Désert, architecte à l’agence Quadricolor à Poitiers, pour la conception et la fabrication de tiny houses. “Cela faisait très longtemps que je m’intéressais à la fabrication et à la vente d’habitats insolites, mais comme on affichait “bois et paille” les gens ne venaient pas forcément nous voir pour ça, explique Eddy Fruchard. Or c’est une réalisation qui est largement à la portée d’un charpentier. Avec Grégoire on a commencé à parler de cabanes, de roulottes et de tiny houses, et je lui ai proposé de dessiner des projets. L’idée a germé comme ça.” Tous les deux ont donc conçu et fabriqué quatre tiny houses pour Un Toit en Gâtine, deux nouvelles sortiront de l’atelier pour l’association d’ici la fin de l’année. Ils en ont aussi réalisé une pour un jeune couple près de Jonzac en Charente-Maritime. “Mais notre but ça n’est pas de construire des tiny à la chaîne, souligne Grégoire Désert. On veut rester petit, artisanal.” Dès que c’est techniquement possible, le charpentier et l’architecte travaillent avec des matériaux locaux : l’isolant (biofibre chanvre et coton) vient de Vendée, le lambris en bois de peuplier des Deux-Sèvres, les menuiseries sont fabriquées près de Nantes. Même chose pour les artisans avec qui ils sont amenés à collaborer : l’électricien est installé à Saint-Martin-du-Fouilloux, le plombier chauffagiste à Airvault, deux communes des Deux-Sèvres, et pour la création des remorques sur-mesure ils travaillent avec un carrossier de Ruffec en Charente. Au-delà des tiny houses, West Wood Tiny développe la construction écologique d’autres types d’habitats et modules insolites : la teardrop, fabriquée à la demande d’un client à Parthenay passionné par ces caravanes des années 1930. Le sauna et le bain nordique également, proposés à la vente mais aussi à la location pour de l’événementiel. Et le Ti’bureau, un bureau mobile et tout confort pour travailler en pleine nature.
“Un autre mode de construire et d’habiter”
Conçus sur-mesure, les petits habitats mobiles de West Wood Tiny peuvent aller de 9 m² à 40 m². Mais selon leurs concepteurs, parler de surface au m² est un luxe très occidental. L’important c’est la fonctionnalité des espaces, pour répondre aux besoins essentiels : l’alimentation, l’hygiène et le sommeil. “C’est un autre mode de construire et d’habiter, au même titre que la paille. Maintenant la paille est devenue une technique courante, mais il a fallu un certain temps avant que cela rentre dans les mœurs. C’est la même chose avec l’habitat alternatif : aujourd’hui c’est encore un peu compliqué parce que beaucoup ne comprennent pas qu’on puisse vivre en yourte, en roulotte, et la législation peut être bloquante. Mais on peut habiter dans plus petit, ce qui rend l’impact environnemental et carbone beaucoup moins fort que quand on vit à deux dans une maison de 140 m², même si elle est aux normes actuelles passives”. Eddy Fruchard en est convaincu, il sera nécessaire de tendre vers des logements de plus en plus petits, déjà parce que les gens n’ont pas les moyens d’investir dans plus grand, mais aussi en raison de l’impact du foncier : “Plus on est nombreux et plus il faut d’habitat, or on le voit avec les lotissements, ça bouffe du territoire, des terres agricoles.” Selon lui, de plus en plus de personnes sont prêtes à vivre de cette façon-là.
Rédaction : Hélène Bannier
Photos : Annabelle Avril, Julia Vandal, Hildegard Leloué