Une épicerie autogérée vient d’ouvrir dans un petit hameau entre Anché et Champagné-Saint-Hilaire (86). Dans cette maison en rénovation, mise à disposition par un couple d’habitant·es, les rayons sont remplis, mais on n’y trouve ni caisse, ni patron. Une vingtaine d’épiceries de ce genre existent en France. Comment ça marche ? Réponses avec Véronique et Laghia, qui tiennent la permanence ce vendredi soir.

C’est quoi une épicerie autogérée ?
Véronique : C’est une épicerie gérée par ses utilisateurs, sans chef, sans réunion, sans salarié, sans caisse ! C’est une expérience toute simple finalement, qui est basée sur la confiance.
Laghia : On ne demande rien à personne, il n’y a pas de hiérarchie, chacun est légitime. Si quelqu’un trouve qu’il faut passer un coup de balai, il le passe. Si quelqu’un a envie de faire des jolies étiquettes, il le fait ! Fonctionner sur la confiance et l’autonomie de chacun, ça fait du bien.
Concrètement, comment est-ce que cela fonctionne ?
Laghia : Il faut être adhérent à l’épicerie. On verse un solde sur le compte en banque de l’épicerie et ensuite on vient, quand on a besoin, faire ses courses. Chacun a librement accès à la clé. Dans un classeur, chacun a une fiche avec son nom, il note ses crédits et ensuite déduit de son solde ce qu’il a acheté. Les adhérents viennent quand ils veulent, mais nous faisons une permanence le vendredi soir pour expliquer le fonctionnement aux nouveaux.
Quels produits peut-on trouver dans l’épicerie ?
Véronique : En gros, tous les produits qu’on a envie d’y voir ! Actuellement, il y a des produits d’épicerie classiques, plutôt du bio. Des conserves, des épices, des chips, des boissons… Il y a aussi des gros bidons avec du vrac, farines variées, sucre, céréales, légumineuses. Il y a aussi des produits faits maison : de la bière, des tisanes, des cartes postales, des savons…
Comment les étagères sont-elles approvisionnées ?
Véronique : Il y a eu une grosse commande chez un grossiste bio pour lancer l’épicerie et que les rayons soient un peu fournis. Ensuite, chacun apporte ce qu’il estime manquant ou ce qu’il a envie de faire découvrir. Par exemple, une personne a fait une commande de tofu local, si ça marche ce sera renouvelé. Moi, je consomme du café de lupin. J’ai envie de faire connaître ce produit aux autres car c’est plus écologique que le café importé, alors je vais faire des petites doses pour que les gens goûtent et si ça plait, j’en commanderai plus.
Comment vous faites-vous rembourser les produits achetés pour fournir l’épicerie ?
Laghia : Il y a deux manières. Soit on note ce qu’on a apporté comme « crédit » sur sa fiche, et on se rembourse avec nos prochains achats, soit on paye avec la trésorerie de l’épicerie. Pour cela, deux rôles tournants ont été créés : le créditomancien et l’arroseur. On demande au créditomancien s’il y a assez d’argent sur le compte. Il répond oui ou non, sans juger de la pertinence de la commande. Puis l’arroseur paye les factures. Pour une totale transparence, tous les adhérents ont les codes d’accès au compte.
Est-ce que des critères ont été définis pour apporter des produits ?
Véronique : Non, absolument pas, chacun est libre d’évaluer ce qui est intéressant. Mais ça s’oriente plutôt bio et local. Dans une logique de proximité, d’écologie, de qualité et de coût, les produits locaux fonctionnent bien.
Combien de personnes participent et d’où viennent-elles ?
Véronique : Actuellement, une quarantaine de personnes sont adhérentes. C’est le début donc cela devrait grandir… Ce sont des personnes du sud-Vienne, dans un rayon de 10 kilomètres autour de l’épicerie environ. C’est un modèle très local qui peut facilement être reproduit un peu partout.
L’association L’arrosoir a édité un petit guide pratique des épiceries autogérées pour aider le modèle à se diffuser.
Rédaction et photos : Claire Marquis

