Valoriser la laine et ses métiers : à Vasles on se forme

par | 30 septembre 2025


En France, la laine représente 14 000 tonnes de tonte par an, dont 96% deviennent des déchets. Pour valoriser cette ressource aux nombreuses vertus, l’École de la Laine à Vasles (79) dispense des formations. Et milite à sa manière pour la création d’une vraie filière.


Les stagiaires du jour s’exercent à la couture à partir de tissages. Dans la grande salle de l’École de la Laine, elles viennent d’horizons variés. Agricultrices, pour valoriser leurs produits, artistes, personnes en reconversion qui souhaitent lancer leur activité ou artisanes d’art, comme Vivianne. Tisserande à Thouars, elle vient pour la deuxième fois à l’École de la laine : « Il y a beaucoup de choix dans leur catalogue, les formations sont très techniques et l’ambiance sympa. C’est important pour moi de me former ! »

Des formations professionnelles pour valoriser la ressource

L’École de la Laine est née en 2006, à côté de Mouton Village, un projet communal de développement touristique autour du mouton porté par l’ancien maire Gilles Parnaudeau, aujourd’hui président de l’association. En 2010, l’École de la Laine devient un centre de formation puis obtient la certification Qualiopi en 2020. Lauren Back et Diane Petit, toutes les deux salariées et formatrices, transmettent les savoir-faire et les valeurs.

Nous veillons à une bonne gestion de l’eau et à utiliser des produits exempts de métaux lourds. Cela passe aussi par le bien-être au travail et l’inclusivité. Les métiers de la laine sont répétitifs, il faut prendre soin du corps.

Diane Petit, formatrice à l’École de la Laine

En 2024, 189 stagiaires sont passé·es par l’École de la Laine lors des 43 sessions de formation, un chiffre en augmentation chaque année. On y apprend le tri et le lavage, le filage, la teinture végétale ou de synthèse, le feutre, le tricot, le tissage, la tapisserie norvégienne, la couverture piquée ou la commercialisation. « Les formations proposées comportent une base théorique et une initiation technique. Rendre les stagiaires autonomes est un maillon de la chaîne pour valoriser cette ressource sous-exploitée qu’est la laine » assure Diane Diane Petit.

Journée de formation à l’École de la Laine, à Vasles dans les Deux-Sèvres.

Une filière laine à construire

Dans une région agricole où l’élevage ovin est important (590 fermes en Vienne et 788 en Deux-Sèvres), que faire des toisons des moutons ? La question n’est pas anecdotique. En France, seulement 4% de la laine est valorisée. Le reste est considéré comme un déchet, qu’on ne peut ni enfouir ni brûler, et qui s’entasse souvent dans des hangars, en attendant d’être racheté par des négoces pour 15 à 20 centimes le kilo. Bien peu comparé au coût de la tonte (2,50 euros par bête). Et pourtant, la liste des vertus de cette fibre ne se démontre plus. Elle régule la température, elle est antibactérienne, riche en minéraux et en azote, elle peut constituer un couvert de sol idéal, résiste bien au feu. Elle peut être filée, tissée, teinte, tricotée, utilisée en paillage au jardin ou dans l’isolation des bâtiments. Et elle est renouvelable.

La difficulté à constituer une vraie filière, comme en Grande-Bretagne avec la marque British Wool, est liée à plusieurs facteurs. Comme l’explique Diane Petit : « La laine n’étant pas valorisée économiquement, les éleveurs se sont désintéressés de la qualité de la fibre. Les toisons sont très variables qualitativement au sein d’un même cheptel. Et les tondeurs n’ont pas toujours les bonnes pratiques pour que la laine soit réutilisée. » Au niveau international, la concurrence avec la laine australienne ou chinoise (comme la mérinos) est forte. Et en l’absence de débouchés, les lieux de collecte sont encore rares, les centres de tri et de lavage ne sont pas adaptés à l’échelle industrielle.

La laine peut être utilisée pour la création textile, mais aussi comme isolant dans le secteur du bâtiment ou le paillage au jardin

Un matériau pour les couettes et les matelas

À Nouaillé-Maupertuis, la ferme de la Folie Bergère fait réaliser des couettes, des matelas et des objets en feutre avec la laine de leurs animaux. Laurence Gauthier, éleveuse, témoigne : « Nous valorisons une petite partie de notre laine. Cela nous semblait important d’aller au bout de la valorisation de nos produits. Nous travaillons depuis le début avec l’entreprise de lavage de laine à Saugues en Haute-Loire, c’est l’une des rares qui existe encore. »

En 2024, La Région Nouvelle-Aquitaine a lancé le programme RésoLaine, afin d’ouvrir des débouchés économiques pour la laine locale, au-delà du textile, et fédérer les acteurs du réseau.


Rédaction et photos : Claire Marquis

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