C’est une première mondiale. Une équipe de chercheurs espagnols, français et argentins a étudié à l’échelle de la planète l’importance de la biodiversité végétale sur la stabilité des écosystèmes. Côté français, le scientifique impliqué est Nicolas Gross, chercheur en écologie au Centre d’Études Scientifiques de Chizé (CNRS).
La biodiversité joue un rôle central dans la stabilité des écosystèmes
Les recherches ont commencé en 2010. Une cinquantaine de scientifiques d’une quinzaine de pays ont recueilli des données relatives à la biodiversité sur 125 sites à travers le monde, pour comparer des écosystèmes très différents : forêt, déserts, steppes, maquis méditerranéen… Nicolas Gross et 3 autres chercheurs espagnols et argentins ont ensuite croisé ces informations à des données satellite pour mesurer « dans les conditions réelles de terrain » le rôle de la biodiversité sur la stabilité des écosystèmes. « Oui la biodiversité est très importante, souligne Nicolas Gross. Au même titre que le climat et les sols, elle un effet massif sur la capacité des écosystèmes à produire de la végétation. Il faut comprendre que la biodiversité n’est pas qu’une question de nombre d’espèces ou d’espèces rares à protéger, elle est directement liée aux services que la nature rend aux hommes : nourriture, bois, pâturages… » D’ailleurs quand ils étudient la biodiversité, les chercheurs n’observent pas seulement le nombre d’espèces végétales dans un écosystème. Ils analysent aussi leur diversité fonctionnelle, autrement dit leur rôle, leur organisation et leur action sur le milieu.
Désertification, biodiversité et changement climatique
Ce travail de recherche intègre un projet plus global d’étude sur la désertification à l’échelle planétaire. « C’est une problématique importante dans la mesure où les écosystèmes arides représentent 45% des terres émergées de la planète et 38% des populations humaines” explique Nicolas Gross. Des populations qui dépendent beaucoup de l’agriculture, de l’élevage, et pour lesquelles il est donc fondamental d’avoir une production végétale stable au fil des années. Une diminution de cette production peut avoir des conséquences sociétales importantes.“Avec ces études on veut donner des indicateurs aux pouvoirs publics et aux gestionnaires. On fait connaître les signaux avant-coureurs de la désertification, ce qui permet de fixer les priorités en termes d’actions à mener pour garantir la capacité des écosystèmes à produire de la biomasse, du bois, du pâturage pour les animaux.” Ces travaux de recherche sur le rôle de la biodiversité dans la stabilité des écosystèmes ont été publiés le 30 juillet 2018 dans la revue scientifique américaine PNAS (Proceeding of the National Academy of Sciences of the United States of America). Dans la continuité, l’équipe de scientifiques a mis en place un nouveau protocole d’études sur le changement climatique en relation avec le changement de pratique agricole et d’élevage dans les milieux arides. Un appel à contribution a été lancé à travers le monde. Vingt-sept pays sont impliqués.
On parle beaucoup du changement climatique mais il y a aussi une crise de la biodiversité. Or elle a un impact massif sur les écosystèmes dont on dépend.
Nicolas Gross, chercheur en écologie au Centre d’Études Biologiques de Chizé.
Le Centre d’Études Biologiques de Chizé, qu’est-ce que c’est ?
Le Centre d’Études Biologiques de Chizé (CNRS, Université de La Rochelle, INRA) a pour objet d’étude la compréhension de l’écologie des animaux sauvages dans leur milieu naturel. Une soixantaine de chercheurs, ingénieurs, techniciens, étudiants, y travaillent au quotidien. En 2018, le centre fête ses 50 ans.
Rédaction : Hélène Bannier
Photos mises à disposition par Nicolas Gross/CEBC