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1000 cafés, s’il vous plaît

par | 11 décembre 2020


En France, 26 000 communes n’ont plus de café sur la place du village et elles sont 60% à ne plus disposer d’aucun commerce. Porté par le Groupe SOS, le dispositif 1000 cafés accompagne les communes de moins de 3500 habitants à la réouverture ou la reprise d’un café multiservices. Avec pour enjeu central la revitalisation des campagnes. Dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine, les candidatures de trois communes ont été retenues : Louin et La Foye-Monjault dans les Deux-Sèvres, et Saint-Pierre-la-Noue en Charente-Maritime.


Un lieu de convivialité pour recréer du lien

À Louin, 750 habitants, entre Parthenay et Thouars, le café du village a fermé ses portes en 2014 et aucun repreneur ne s’est présenté depuis. À La Foye-Monjault, 830 habitants, cela fait près de 20 ans que le dernier commerce du village a baissé le rideau. « L’épicerie-bar-petite restauration créait de l’animation et des allers-retours dans la commune. Cela manquait aux gens depuis sa fermeture » , raconte la maire Dany Michaud. Ces deux villages des Deux-Sèvres ont vu leur candidature retenue par le programme 1000 cafés, porté par le Groupe SOS. Ce dispositif a été créé à l’automne 2019 pour « doter les communes d’un lieu de vie, de convivialité, en complément à l’offre existante, » explique sa responsable Sophie Legal. Les critères pour en bénéficier sont au nombre de trois : compter moins de 3500 habitants, ne pas avoir de café, et disposer d’un local identifié pour faire vivre le futur commerce. Saint-Pierre-la-Noue, 1700 habitants, près de Surgères, remplissait aussi toutes les conditions. Après une première tentative d’ouverture d’un lieu avec un partenaire de proximité, « le local était quasiment terminé mais il n’y avait personne pour le faire tourner, relate Walter Garcia, maire de la commune. C’est à ce moment-là, en avril 2020, que je me suis rapproché de 1000 cafés. Ils sont venus visiter et ont été séduits. En juin 2020, la candidature était retenue. » Les trois communes espèrent maintenant pouvoir ouvrir avant le printemps 2021.

Une réponse aux besoins des habitants

« Un café ne vit pas à travers une seule personne, mais avec et pour les habitants, » souligne Sophie Legal du Groupe SOS. Et c’est dans ce sens que les citoyens ont été invités à co-construire les activités futures du café de leur village, voué à être « multiservices ». Ils ont été consultés par le biais de questionnaires et à l’occasion de réunions publiques qui ont permis de comprendre leurs besoins. Dans les trois communes, le taux de réponses a été élevé et à chaque fois le projet de réouverture du café a remporté une forte adhésion. Les questionnaires ont permis de conforter les services imaginés pour le nouveau lieu et ont fait ressortir de nouvelles propositions. Si le café-bar est l’activité centrale des futurs commerces, chaque contexte communal génère des besoins différents. À Louin, petit village traversé par le GR 36 et le vélo Francette, le futur lieu répondra aux besoins des touristes selon la maire Monique Nolot : « Un café devenait une nécessité pour que les marcheurs et les cyclistes puissent trouver une halte, prendre un café, acheter un sandwich, une carte postale ou un journal. » Il est aussi pensé pour les personnes âgées, qui représentent un tiers de la population du village, et qui y trouveront un local pour leurs activités de loisir. À La Foye-Monjault, le futur multiservices a déjà un nom, le Rabelais. Les activités qui s’y développeront sont issues d’une forte mobilisation du réseau local. Le futur gérant, ancien cuisinier de la cantine, portera un réel service de restauration, voire de traiteur. Comme l’explique Dany Michaud :

Un dépôt de pain complètera l’offre. Il sera proposé par une jeune femme qui vient de s’installer et qui fabrique son pain chez elle. Le Rabelais pourra également proposer la vente de produits locaux, à la manière d’un marché couvert. Pendant le confinement, les habitants ont pris d’autres habitudes, notamment de moins aller au supermarché.

Elle espère qu’ils continueront à préférer acheter sur place. A Saint-Pierre-la-Noue, le café intégrera entre autres une petite épicerie, un relais-colis et un point-presse. « La petite restauration et le bar n’étaient pas souhaités au départ, précise Walter Garcia. Mais selon le dispositif c’est un aspect important, et c’est une demande qui est également ressortie du questionnaire aux habitants. » Un travail de mise aux normes du local est en cours pour pouvoir intégrer au projet ces briques de service.

Une sécurité pour le futur commerce

Dany Michaud, maire de La Foye-Monjault, résume bien l’intérêt : « L’avantage pour la commune est de rouvrir un café. Mais il est intéressant surtout pour le gérant, qui profite de l’accompagnement financier, de formations et d’un suivi pendant quelques années. Ça le sécurise. » À Louin, Monique Nolot confirme : « 1000 cafés cherchent un gestionnaire et le recrutent, ils nous accompagnent car ce n’est pas notre métier. C’est une sécurité car les bars referment souvent au bout de six mois. » 1000 cafés est un opérateur qui travaille main dans la main avec les communes et les futurs gérants. « D’abord il s’agit de sceller le mariage avec les communes pour penser un projet commun. Puis d’identifier le gérant » explique Sophie Legal. Avec les communes, elle s’assure de « la maturité de la mobilisation des habitants dans le projet, et de la maturité du projet immobilier. » Avec le gérant, elle vérifie que « c’est la bonne personne pour le bon territoire. » Un accompagnement lui est proposé de façon à le rendre autonome par des formations et un appui sur la gestion à la création d’entreprise, l’identification de fournisseurs, la posture de gestion… Le groupe SOS apporte également un soutien financier au futur gérant, par un apport aux besoins initiaux et un support de trésorerie. Il sécurise enfin la continuité de l’activité par l’acquisition des fonds de commerce. « Si le gérant souhaite s’en aller, le rachat n’est pas un sujet. La reprise éventuelle est facilitée et permet de maintenir le lieu de vie dans le village » précise Sophie Legal.


Rédaction : Chloé Penavaire-Simon
Photo : Elia Melis

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