Depuis la salle d’activités du village La Fontaine, à Combrand, des éclats de rire se font entendre en ce début d’été. Malgré la chaleur écrasante, une dizaine de femmes se sont attablées autour d’une tasse de café et d’une part de clafoutis, pause goûter oblige. Âgées de 68 à 97 ans, toutes vivent seules ou avec leur conjoint dans l’un des dix appartements pour seniors que compte ce quartier intergénérationnel, créé il y a tout juste dix ans sur ce qui était alors 17 000 m² de champs. À côté des appartements, au loyer modéré d’environ 450 euros par mois, le village La Fontaine compte aussi une école, un accueil périscolaire, une cantine ainsi qu’un cabinet infirmier et dix parcelles privées où se sont installés, entre autres, des familles et des jeunes retraité·es.

Quand on s’est lancé dans ce projet de village intergénérationnel, l’objectif était de permettre aux seniors de rester autonomes le plus longtemps possible, en leur offrant un cadre de vie avec de nombreux services de proximité. C’est pour cette raison qu’on a notamment favorisé l’installation d’un cabinet infirmier sur le site. On voulait aussi créer un lien fort avec les enfants de Combrand, d’où l’idée de réunir les différentes classes de maternelle et primaire directement sur le site.
Anne-Marie Reveau, maire de Combrand

« Je ne me sens plus seule »

À glisser une oreille aux conversations animées autour de la table du goûter, difficile de manquer l’enthousiasme suscité par ce village intergénérationnel, qui a accueilli une trentaine de seniors depuis sa création. « Depuis que je vis ici, je ne me sens plus seule, sourit Jacqueline Duval, 82 ans. Quand je suis tombée malade, j’ai reçu des appels de tout le village. Je n’avais jamais connu ça ! » Des propos largement corroborés par une autre habitante, Geneviève Godet. « Ma fille a construit sa maison sur l’un des terrains privés du village, détaille la nonagénaire. C’est pratique pour se voir. Et puis les infirmières, qui sont à côté, peuvent passer me voir trois fois par jour sans aucune difficulté. C’est peu dire que je suis bien entourée. »

Des activités pour les enfants et les seniors

D’autant qu’à l’exception des vacances scolaires et des week-ends, la présence quotidienne des petits et grands de l’école Saint-Joseph fait du village La Fontaine un lieu vivant, loin de l’isolement souvent rencontré par les personnes âgées. « D’ailleurs, il est l’heure de rejoindre les enfants », annonce Bernadette Target, en débarrassant la table du goûter. Habitante de Combrand, cette dernière fait partie des Amis du village, cette quinzaine de bénévoles qui aident l’unique salariée du site, Évelyne Guicheteau, à animer le lieu. « On accompagne les personnes âgées au cinéma, on organise des goûters, et on participe également à certaines activités avec les enfants du village, comme aujourd’hui lors des temps périscolaires, » continue la bénévole.

Et en cette fin juin, à l’approche des vacances, l’agitation bat son plein quand Bernadette, Jacqueline et les autres habitantes rejoignent les enfants de l’école pour l’un des derniers temps périscolaires de l’année. Rapidement, Anita Revero, 68 ans, se retrouve à jouer au palet avec Antoine, 6 ans. « C’est facile, je gagne à tous les coups » rit le garçon. Non loin de là, d’autres aînées s’essaient à des jeux de lancer avec Ambre, 7 ans, Inès, 6 ans, et Lola, 4 ans.

Un projet qui porte ses fruits

Depuis la cour de récréation, la maire, qui a été professeure pendant trente-sept ans, jette un regard tendre à la scène. « Ce projet de village intergénérationnel, je le porte depuis très longtemps, sourit-elle. À l’époque, c’était vraiment un projet d’avant-garde, et je suis heureuse d’avoir tenu bon », poursuit-elle, soulignant le rôle déterminant de l’appel à projet lancé par le Département il y a dix ans et auquel elle avait alors répondu aux côtés de Sèvres Loire Habitat. « C’est cet appel à projet qui a permis de concrétiser cette idée qui me trottait dans la tête depuis si longtemps, insiste-t-elle. Ensuite, il a fallu investir 1 million du côté de Sèvres Loire Habitat, et 700 000 euros du nôtre. À notre échelle, c’est évidemment loin d’être négligeable, mais ça en valait le coup. » D’autant que dix ans après sa création, le Village continue à fourmiller de projets. Ils reprendront dès la rentrée.

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