Des petites villes au défi des économies d’énergie

par | 15 avril 2025


Faire des économies d’énergie ? Une priorité pour les communes, face aux enjeux climatiques et aux contraintes budgétaires de plus en plus importantes. Dans Grand Poitiers, huit communes viennent de se lancer dans le concours Cube Petites Villes. Ou comment réduire sa consommation par l’émulation.


Dans la salle des fêtes de Curzay-sur-Vonne (86), un petit groupe d’élus et d’agents administratifs et techniques branche des appareils du quotidien sur une prise électrique reliée à un wattmètre. Le verdict leur fait écarquiller les yeux : si le chargement d’un téléphone portable consomme 150 watts, celui d’un ordinateur portable 250 watts, l’utilisation de la bouilloire électrique fait monter le compteur à 2500 watts. « Maintenant, chacun dans son bureau dispose de sa bouilloire, sa cafetière. Avant, il y avait une seule cafetière filtre dans la salle de pause ! Ce changement d’habitude peut paraître anodin, mais multiplié par le nombre de bureaux et sur une année, c’est une dépense énergétique à considérer » explique Romain Levray, coordinateur du service d’accompagnement et de conseil en énergie des communes à Grand Poitiers (86).

Un wattmètre branché sur les appareils électriques permet de mesurer leur consommation énergétique

L’émulation entre communes

Beaumont-Saint-Cyr, Bignoux, Chasseneuil-du-Poitou, Chauvigny, Croutelle, Curzay-sur-Vonne, Montamisé et Saint-Benoît ont accepté de relever le défi du concours Cube Petites Villes. Huit communes volontaires prêtes à agir pour réduire la consommation énergétique au sein de leurs bâtiments publics. Réaliser cette démarche sous forme de challenge est une manière ludique de s’engager dans une réflexion globale. Le CEREMA, centre d’expertise partagé entre l’État et les collectivités, accompagne les acteurs tout au long de la démarche. La première étape consiste en un questionnaire très précis sur les bâtiments et leurs usages. Un état des lieux indispensable pour savoir quel est le point de départ et les progrès réalisés. Les acteurs s’interrogent sur des points très précis : où sont situés les radiateurs, sont-ils poussiéreux, ou recouverts de dossiers qui ralentissent la diffusion de chaleur ? Quelle est la température de la pièce, comment sont isolés les murs et les toits, quel est le taux d’hygrométrie ?

Nous pensons que le côté ludique permet l’acceptation et renforce la motivation des participants, tout en faisant passer des idées et notions. Avec ce challenge, l’idée est d’inviter les usagers à voir les éco-gestes comme des actions motivantes et une opportunité pour améliorer leur confort.
Raphaëlle Bouchitté, cheffe de projet ACTEE Cube au Cerema

Le Cerema intervient cinq fois tout au long du défi. Les réunions d’échanges sont l’occasion de partager les retours d’expérience de chaque commune sur ce qui fonctionne, et de former les équipes référentes aux bonnes pratiques et à la conduite du changement. Elles s’échelonnent sur l’année afin de conserver une dynamique. Le programme Cube est financé par ACTEE (Action des Collectivités Territoriales pour l’Efficacité Énergétique) via les Certificats d’économie d’énergie. Le reste à charge pour les communes représente moins de 1/5 du coût réel du programme, pris en charge par Grand Poitiers. Le dernier partenaire, l’Institut Français pour la performance du bâtiment (IFPEB), met à disposition des communes une plateforme de suivi des consommations et se charge du calcul des économies d’énergie réalisées.

Le jour du lancement du défi, différentes activités ludiques étaient proposées : classement d’activités selon leur empreinte carbone, mais aussi memory des économies d’énergie pour découvrir des petits gestes à intégrer : baisser le chauffage la nuit, utiliser des boudins de porte, couper les instruments en veille, aérer pour faire baisser l’humidité afin de chauffer mieux…

Lors d’un tour des bâtiments de Curzay-sur-Vonne pour un « diagnostic en marchant », le groupe s’interroge sur le bâti, l’isolation, les ouvertures. Une incursion dans la chaufferie municipale permet à Albin Grave, conseiller en sobriété énergétique, de féliciter le calorifugeage des tuyaux de la chaufferie. Isoler la tuyauterie évite 5 à 10% de consommation énergétique inutile pour un coût modique. « Pour nous, témoigne Jimmy Salesse, secrétaire de mairie à Curzay-sur-Vonne, cela signifie continuer sur notre lancée avec les démarches déjà réalisées comme installer une pompe à chaleur. Le challenge Cube Petites Villes est une motivation supplémentaire. »

Sobriété énergétique pour faire évoluer les habitudes

La collectivité de Grand Poitiers a choisi d’accompagner les communes de son territoire dans un contexte difficile de hausse subite des budgets énergie depuis 2022, avec également des difficultés pour les fournisseurs à garantir le prix de l’énergie, et l’incertitude budgétaire qui en découle. Faire des économies devient une priorité pour les communes et pour le climat.

Le Plan Climat Air Energie Territorial de Grand Poitiers prévoit une baisse de 28% de consommation énergétique pour le parc tertiaire à horizon 2030. Il nous faut mobiliser l’ensemble des leviers permettant de limiter l’envolée du budget énergie de nos communes. Ce concours de sobriété énergétique vise à faire évoluer les habitudes des utilisateurs d’un bâtiment et à générer des économies d’énergie sans travaux lourds.
Emmanuel Bazile, vice-président de Grand Poitiers et maire de Bignoux

Le défi prendra fin le 31 décembre 2025. Des prix seront décernés selon les différences de consommation entre une année de référence et l’année 2025, à l’échelle de la commune et à l’échelle du bâtiment de la mairie. Chaque petite ville devrait surtout avoir la satisfaction d’avoir réduit ses factures et intégré des habitudes vertueuses et durables.


Rédaction et photos : Claire Marquis

Vous aimerez aussi

Partagez cet article en un clic

Vous êtes sensible à notre ligne éditoriale ? 

Soutenez un média indépendant qui propose en accès libre tous ses articles et podcasts. Si nous avons fait le choix de la gratuité, c’est pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à des contenus d’information sur la transition écologique et sociale, défi majeur de notre époque. Nous avons par ailleurs décidé de ne pas avoir recours à la publicité sur notre site, pour défendre un journalisme à l’écoute de la société et non des annonceurs. 

Cependant, produire des contenus d’information de qualité a un coût, essentiellement pour payer les journalistes et photographes qui réalisent les reportages. Et nous tenons à les rémunérer correctement, afin de faire vivre au sein de notre média les valeurs que nous prônons dans nos articles. 

Alors votre contribution en tant que lecteur est essentielle, qu’elle soit petite ou grande, régulière ou ponctuelle. Elle nous permettra de continuer à proposer chaque semaine des reportages qui replacent l’humain et la planète au cœur des priorités. 

Abonnez-vous gratuitement à notre lettre d’information

pour recevoir une fois par mois les actualités de la transition écologique et sociale

Verified by MonsterInsights