Ils s’appellent Blairoudeurs, contraction de « blaireau » et « baroudeurs ». Cette association d’étudiant.es se démène pour organiser des actions de sensibilisation au vivant à La Rochelle et aux alentours. Reportage à marée montante, en quête d’oiseaux et de nouveaux adhérents.
Les pattes dans la vase, ce pluvier argenté est scruté. A quelques dizaines de mètres, l’oiseau est dans l’objectif de toutes les longues vues déployées pour l’occasion. « Il est vraiment magnifique ! C’est assez rare d’en voir et on espérait vraiment pouvoir en observer un », s’exclame Flavie, l’œil dans la visée. A ses côtés, des jeunes tout aussi enthousiastes admirent son plumage tacheté aux nuances de gris. Malgré un vent à décorner des bœufs et une pluie menaçante, 16 personnes ont fait le déplacement ce dimanche après-midi. L’objectif ? Participer à une sortie d’observation des oiseaux limicoles – qui se nourrissent dans les vasières – à la plage d’Aytré, dans l’agglomération rochelaise.
Le défi de convaincre des Blairoudeurs
Cette échappée nature à marée montante est organisée par l’association Blairoudeurs La Rochelle, une contraction de « blaireau », emblématique animal protégé, et « baroudeurs », pour le côté « tout terrain » de ses actions. Créée en novembre 2020 à l’initiative d’une poignée d’étudiants de La Rochelle Université, elle a vocation à « sensibiliser les jeunes à comprendre leur environnement proche, dans l’optique de mieux le protéger. Notre but est de reconnecter jeunesse et nature en allant sur le terrain, pour faire aimer notre planète », décrit Flavie, la présidente de l’antenne rochelaise. En trois ans, les Blairoudeurs de l’Atlantique ont fait des petits, avec quatre antennes supplémentaires déployées sur d’autres campus : Chambéry, Paris, Nancy et Montpellier.
Les membres de l’association se démènent pour organiser une palette d’activités : observations diverses sur le littoral, reconnaissances de chants d’amphibiens au marais de Tasdon, sortie champignons avec un spécialiste, plantation de haie sur une ferme et suivi de l’évolution de la biodiversité, construction de nichoirs pour leur campus… « Nous avons parfois des professeurs qui nous rejoignent pour des sorties, ça nous permet d’avoir leur expertise. C’est un des avantages d’être ‘‘rattachés’’ à l’université, même si quelques-uns de nos adhérents sont déjà dans le monde du travail. Nous avons une proximité avec le milieu étudiant qui fait notre particularité, notamment pour intéresser des jeunes », précise la présidente. Le défi pour l’association, c’est de tenter de convaincre les sceptiques ou tout simplement celles et ceux qui sont éloignés de ces enjeux de protection de la biodiversité. « Nous sommes beaucoup d’étudiants en sciences de la vie comme moi, déjà très intéressés par la nature. Et il y a pas mal de filles. Nous avions fait une intervention devant des étudiants en droit, ils nous écoutaient vraiment par politesse. Ils n’avaient pas l’air de se sentir concernés », confie Azélie, co-secrétaire, tee-shirt floqué Blairoudeurs sur le dos.
Public plus élargi
« Malheureusement il y a souvent que des convaincus dans ce style de sortie, c’est quasiment toujours comme ça« , confirme Thomas, néo-Blairoudeur, lui aussi étudiant en sciences de la vie. Il vient d’arriver à La Rochelle et a eu connaissance de l’association en naviguant sur le site de l’université. « C’est pratique que ce soit dans le cadre de la fac, ça offre la possibilité de se voir rapidement et de se rejoindre dès qu’on a un temps libre« , affirme le jeune homme, qui en est à sa deuxième sortie. Davantage intéressé par l’entomologie – partie de la zoologie qui traite des insectes – il découvre l’univers ornithologique avec curiosité. « Les oiseaux, ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus grand public. Ce sont les sorties insectes qui attirent généralement le plus de monde« , constate Azélie.
Les petites bêtes arriveront-elles à attirer d’autres types de jeunes ? « On essaye, en organisant des activités qui peuvent toucher un public plus élargi. On a un projet qui s’appelle ‘‘biodiversité et verticalité’’ aux jardins d’Orbigny, dans l’université. Dans ce jardin nous accueillons la biodiversité avec des hôtels à insectes, des nichoirs, une mare, détaille Flavie. On a aussi installé des panneaux pédagogiques. On a également organisé la kermesse de la haie au printemps dernier, avec des jeux sur la biodiversité, des balades naturalistes etc. » Une journée qui a réussi à fédérer des personnes aux profils variés.
Rédaction et photos : Amélia Blanchot