Et si dans le futur, la société était plus juste ? À l’initiative de l’association Cercles enchanteurs, les participant·es à l’atelier « Voyage 2030 glorieuses » ont travaillé sur des solutions concrètes pour un monde meilleur. Retour sur ce temps de réflexion optimiste organisé début décembre à La Rochelle, dans le cadre du Festival des solidarités.
« Une utopie n’est pas synonyme d’impossible, c’est plutôt ce qui n’est pas encore réalisable. Ensemble, nous allons nous questionner sur le modèle de société qui nous fait vraiment envie, réfléchir aux utopies d’aujourd’hui qui seront réalisables demain », annonce Véronique Caret, référente de l’association Cercles enchanteurs à La Rochelle. L’assemblée boit ses paroles. À l’étage du tiers-lieu rochelais Les Cabanes urbaines, sept personnes ont fait le déplacement ce dimanche 1er décembre. Pendant deux heures, elles vont partir pour un « Voyage 2030 glorieuses » à tarif libre, carte d’embarquement en main.
« Vous allez imaginer être déjà en 2030 »
Ce concept d’atelier a été créé en 2020 par Julien Vidal, un ancien travailleur du domaine de la solidarité internationale devenu éveilleur de conscience. Avec l’aide d’autres membres de son mouvement « Ça commence par moi », le militant a formé plus de 250 « guides » en France et en Europe, dont Véronique Caret. Face aux participant·es réparti·es en deux groupes, cette femme déroule son introduction pendant vingt minutes, précise qu’elle intervient au nom de son association dans le cadre du Festival des solidarités, présente le principe général, les grandes règles. « À l’aide d’un plateau et de cartes, vous allez imaginer être déjà en 2030, dans une époque fabuleuse et durable. Vous devez parler au présent, respecter l’équilibre du temps de parole et ne pas être pessimiste, même si nos cerveaux sont câblés pour voir ce qui va mal. » Après un tour de table de présentation, l’heure est à la méditation pendant quelques minutes.
Expérimentation collective
Tout le monde ferme les yeux, choisit un moyen de transport inspirant pour atterrir dans un futur plaisant, un quotidien apaisant. « Je suis arrivé en montgolfière, dans un lieu partagé où l’on peut jardiner. C’est fleuri et verdoyant », raconte Jérôme, l’un des deux hommes de la matinée. « Moi je suis dans un vieux château en ruines devenu un lieu magique où l’intelligence collective gouverne », décrit Béatrice. Minuteur en main, chacun revient rapidement sur cette première immersion. Le temps est compté, l’atelier est cadré. Chaque groupe planche ensuite sur l’expérimentation collective, avec des cartes pour aider à structurer les idées. « Maintenant, que faut-il pour que la société aille bien ? Vous avez vingt minutes », lance la « guide de voyage ».
Plusieurs notions ressortent : bienveillance, coopération, libération d’un conditionnement… « La gestion est pyramidale, chaque être humain compte sans qu’il y ait de leader. Les décideurs deviennent des Socrate. Tout le monde s’est mis en action. Et la place du rire est centrale », résume Florence au nom de sa tablée. « Super, vous avez bien rêvé ! Maintenant, place aux réalités concrètes. Vous sélectionnez une carte oracle. Chacune représente un thème comme l’éducation, la mobilité, l’emploi, la consommation, etc. Prenez celle qui vous parle le plus. Vous avez de nouveau vingt minutes pour présenter une solution pour la société. À vous de choisir votre récit », continue Véronique Caret.
L’éducation en fil rouge
Le premier groupe se lance. La carte adoptée est celle de l’éducation. « C’est par les enfants que tout va changer. Un château nous est mis à disposition par quelqu’un de bienveillant où de nombreux ateliers sont proposés : permaculture, philosophie, communication non-violente, transmission intergénérationnelle… Les écoles y amènent les enfants. Cela crée des liens avant que ce modèle de château se multiplie », détaillent les « voyageurs », applaudis par les autres participant·es. À la deuxième table, la thématique de l’éducation a également été retenue : « Les enfants ne sont plus dans des classes, ils sont dans des endroits uniquement conçus en matériaux naturels et vont beaucoup dehors. »
« Ils apprennent les uns des autres, un vieux monsieur explique à un enfant comment réparer son vélo. Il y a beaucoup de générations différentes. Tous tendent à l’auto-suffisance, avec des expériences méditatives pour être bien avec soi et les autres », complète le reste du groupe. La guide clôture l’atelier avec un nouveau temps de méditation pour « atterrir en douceur après ce voyage en intelligence collective. » Réuni·es en cercle, les protagonistes font le bilan. « Je me sens reboostée », sourit Béatrice. « C’est formidable de pouvoir augmenter ainsi notre imaginaire, se dire que nous sommes capables d’avoir toutes ces idées », témoigne Pierre. « Je suis contente de savoir que je ne suis pas la seule à rêver. Il y a eu plein d’initiatives chouettes évoquées aujourd’hui, maintenant reste à savoir comment les relier », conclut Anne
Rédaction et photos : Amélia Blanchot