En ce mercredi de décembre, Daniel est derrière le comptoir, affairé à la tireuse. À 76 ans, c’est la première fois que ce Ligugéen est bénévole au Bal, le Bar associatif de Ligugé. Le service des bières est encore incertain mais Lucie et Pascale, deux autres bénévoles qui tiennent le bar avec lui ce soir-là, partagent quelques astuces pour que les demis et pintes moussent moins. Professeur de maths à la retraite, Daniel habite Ligugé depuis 1981. Pour lui « c’est important d’avoir un bar dans la commune, et comme il y a besoin de bénévoles pour le tenir, je me suis proposé ! »

Mobilisation des habitant·es

C’est justement la fermeture du dernier bistrot de Ligugé en 2021 qui a déclenché la mobilisation d’une vingtaine d’habitant·es. S’en sont suivis de longs mois de recherche d’un modèle économique et juridique, jusqu’à aboutir au choix du 100% associatif et bénévole. De recherche d’un local aussi : le loyer du PMU, qui venait de baisser définitivement le rideau, était trop élevé, alors les habitant·es de cette commune de 3 400 âmes se sont tourné·es vers la mairie qui voyait bien l’intérêt de faciliter l’ouverture d’un café. La municipalité a ainsi fait l’acquisition en 2023 d’un local commercial vacant dans le centre du bourg, qu’il loue à l’association.

Un café ce n’est pas seulement un comptoir et des verres qui s’entrechoquent, c’est un lieu où on se retrouve, où on débat, où on rit, où on se rencontre, un lieu qui fait battre le cœur du village. Ouvrir ce bar, c’était un pari un peu fou, nourri par la conviction que la vie sociale et la convivialité sont essentielles. C’est ce qui nous a rassemblés.”
Sylvain Millet, co-président du Bal

À partir de septembre 2024, le Bal ouvre ses portes de façon expérimentale avec un aménagement transitoire, et trouve progressivement un rythme qui réponde à la fois aux envies des Ligugéens et à la capacité de mobiliser des bénévoles. L’association opte pour une ouverture trois fois par semaine, le mercredi de 17h à 20h, le vendredi de 18h à 22h et le samedi de 10h à 14h. Très vite les résident·es de la commune et des alentours répondent présents, avec près de 500 adhésions en cette première année et une soixantaine de bénévoles actifs pour tenir le lieu.

Bières locales et programmation d’ateliers

Au Bal, on se retrouve autour d’un café ou de bières locales, de fromages de chèvre de Montmorillon et autres produits achetés chez les commerçants d’à côté. Autour d’une programmation d’activités manuelles et culturelles aussi, pour tous les âges. Une à deux fois par mois le mercredi un groupe de femmes se réunit pour un “atelier trico’thé”. Le samedi matin, deux adhérentes et bénévoles de la première heure proposent des ateliers crochet et jeux de société. Fin novembre, c’était le premier atelier langue des signes, animé par Lucie, 39 ans, arrivée à Ligugé il y a huit ans : « Le Bal, c’est un beau lieu de rencontre. Et chacun peut partager ce qu’il a à partager. J’avais envie de faire découvrir la langue des signes, j’aime tellement cette langue ! » Après la réussite de cette première, elle renouvelle l’expérience le 24 janvier.

Une aventure de cette envergure, ce n’est jamais l’œuvre d’un seul, ni de quelques-uns. C’est la démonstration concrète que l’élan citoyen, le bénévolat et l’engagement peuvent faire vivre de grands projets et que lorsqu’une communauté décide d’agir ensemble, des utopies prennent forme.
Agathe Martin, co-présidente du Bal

Le Bar associatif trouve progressivement sa vocation de lieu de vie, de lien social pour toutes et tous, et les jeunes ne sont pas en reste. Un espace du bar est dédié aux enfants, ici on vient aussi en famille. Une soirée cinéma et karaoké a également été organisée pour les collégien·nes en novembre et a remporté un franc succès.

La programmation d’événements est vouée à monter en puissance. Notamment grâce à l’installation d’une scène et d’un système son qui permettent désormais d’organiser des concerts et qui ont été étrennés pour la soirée d’inauguration officielle le 22 novembre, avec plus de 200 personnes. Le matériel a été financé grâce à un fonds européen, tout comme le nouveau comptoir du bar et une cuisine professionnelle. Celle-ci laisse la possibilité dans le futur de proposer une offre de restauration dans l’esprit du lieu : ouverte et partagée.

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