Dans la Vienne et les Deux-Sèvres, des formations aux premiers secours en santé mentale

par | 27 mai 2025


Une personne sur cinq développe un trouble psychique au cours de sa vie. Pour répondre à ce besoin d’accompagnement, la Mutualité sociale agricole (MSA) organise régulièrement des sessions de formation “Premiers secours en santé mentale” dans la Vienne et les Deux-Sèvres. La prochaine se tiendra les 2 et 3 juin à Poitiers (86). Explications avec Émilie Piouffre, psychologue clinicienne, docteure en psychologie, formatrice pour le programme de Premiers secours en santé mentale (PSSM) et coordinatrice pour la promotion de la santé mentale au sein du groupe hospitalier littoral Atlantique.


On le sait peu mais en France, tout un chacun a la possibilité de s’inscrire à une formation de Premiers secours en santé mentale (PSSM). Quelles sont les origines de cette formation ?

L’idée de ces formations vient d’Australie. En 1997, un professeur de psychologie et sa femme infirmière sont partis du principe qu’on savait tous administrer les premiers secours physiques, mais qu’on ne savait pas quoi faire face à une personne qui vivait le début d’un trouble de santé mentale, une détérioration d’un trouble existant ou une crise. Sous l’égide du Mental Health First Aid, ils ont donc dispensé les premières formations en 2000 afin que tout citoyen sache comment réagir face à une personne en détresse mentale, et ce jusqu’à ce qu’une aide professionnelle lui soit apportée. Progressivement, ces formations ont été mises en place dans 27 pays, dont la France en 2019.

En quoi consistent ces formations ?

Ces formations, dispensées par des formateurs accrédités, durent deux jours. Elles permettent aux participants d’obtenir le diplôme de secouriste en santé mentale. Concrètement, ils vont apprendre l’équivalent des gestes de premiers secours en santé physique, mais en santé mentale. Alors qu’en santé physique, le plan d’action suit trois principes (protéger, alerter et secourir), en santé mentale, le plan d’action se déroule selon l’acronyme AERER.

Le A renvoie au fait d’approcher la personne dans le besoin. E, c’est pour réussir à l’écouter activement et sans jugement, ce qui s’apprend. R renvoie au fait de réconforter la personne concernée. Le second E renvoie ensuite au fait de l’encourager à aller consulter des professionnels, car nous ne nous y substituons en aucun cas. Il peut s’agir d’un professionnel en santé mentale, mais aussi d’un travailleur social, d’un professionnel en santé physique ou encore en réhabilitation psychosociale. Si la personne n’a pas de logement par exemple, une aide psychologique n’est peut-être pas le plus urgent, la priorité est de lui trouver un toit. Enfin, le R final renvoie quant à lui au fait de se renseigner sur toutes les ressources disponibles afin d’orienter au mieux la personne vers des groupes de soutien, des groupes d’entraide mutuelle, des ressources d’auto-aide, des lignes d’écoute ou des membres de son entourage qui pourront lui apporter leur soutien.

La santé mentale est un champ très vaste. Ces formations concernent-elles tous les troubles ?

Dans les formations PSSM pour adultes, on apprend aux participants à décliner le plan d’action AERER pour quatre troubles psychiques : le trouble dépressif, le trouble anxieux, le trouble psychotique et le trouble lié à l’utilisation de substances.

Qui peut participer à ces formations ?

Tout le monde ! Au 1er janvier, 180 000 secouristes en santé mentale avaient été formés en France, pour plus 7 millions de secouristes en santé mentale dans le monde. En France, l’objectif est de 750 000 personnes en 2030. Ces formations peuvent se faire sur la base du volontariat, mais vous pouvez aussi y participer parce qu’un de vos collègues est lui-même formateur et qu’une session est organisée dans votre structure, ce qui permet souvent une prise en charge financière. Par exemple, de nombreuses sessions ont été dispensées auprès d’agents de la fonction publique territoriale en mairies, ainsi qu’auprès de pompiers, de policiers, de membres de l’Éducation nationale ou d’étudiants en santé.

Si n’importe qui peut être formé, pourquoi ne le sommes-nous pas tous déjà ?

Il y a beaucoup de freins. Déjà, bien qu’on commence à en parler plus qu’avant, la santé mentale est encore un sujet très tabou. Il y a aussi le coût des formations. Le tarif recommandé par PSSM France est de 250€ par participant, ce qui peut être une somme importante. Mais comme je le disais, s’il y a un formateur en santé mentale dans la structure où vous travaillez, vous pouvez peut-être bénéficier d’une formation sans avoir à la financer sur vos fonds propres. Il existe également des fonds solidaires pour ceux qui n’auraient pas les moyens de payer la formation et vers lesquels il ne faut pas hésiter à se tourner.

Alors qu’une personne sur cinq en France développe un trouble psychique au cours de sa vie, est-ce une réponse suffisante de former des secouristes en santé mentale ?

Non, bien sûr. La formation citoyenne est importante, il n’y a aucun doute là-dessus, mais il est urgent d’agir à de nombreux autres niveaux. Il faudrait notamment réussir à améliorer la prise en charge des personnes qui souffrent d’un trouble psychique, l’accès aux soins, ainsi que l’accompagnement des aidants. Il est également crucial de renforcer la prévention et de développer des actions qui favorisent l’inclusion des personnes vivant avec des problèmes psychiques. C’est un travail beaucoup plus large, qui se fait notamment dans le cadre des Projets territoriaux de santé mentale (PTSM).

Toutes les infos sur le contenu de la formation et les dates des prochaines sessions : https://catalogue-msa-services-poitou.dendreo.com/formation/46/premiers-secours-en-sante-mentale


Propos recueillis par : Cécile Massin
Photos : Aude Lemaître

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