Les Bureaux du cœur est une association nationale. Comment est née l’idée de créer une antenne à Poitiers ?

À Poitiers l’idée de créer une délégation des Bureaux du cœur a émergé il y a un an, à l’initiative de Propuls, un réseau d’entreprises locales qui a voulu développer le dispositif ici. C’est une délégation composée de bénévoles, rattachée au siège de l’association nationale, qui compte, elle, une dizaine de salariés.
Dans le département de la Vienne, on estime à 4 300 le nombre de personnes sans domicile fixe, dont 1200 personnes sans abri. Le premier accueil a eu lieu en octobre 2025 : l’organisme de formation Act’in Campus a ouvert ses portes pendant 15 jours à un “invité”. C’est comme cela qu’on appelle une personne qui bénéficie de cet accueil dans une entreprise.
(Ndlr, la photo à la une présente, de gauche à droite, Mickaël, invité, Sandrine Aguer, bénévole des Bureaux du cœur à Poitiers et Célie Poureau, directrice d’Act’in Campus)

Qui peut bénéficier de cet accueil dans les bureaux d’une entreprise ?

Il existe quelques critères : les invités sont sans domicile fixe, sans addictions, ce sont des personnes seules et qui n’ont pas d’animaux. Il faut aussi que derrière il y ait un projet, et pour les accompagner des associations partenaires assurent un suivi social ; elles ont un fort engagement dans le dispositif. L’idée n’est pas d’accueillir la personne sur le long terme, nous sommes sur un accueil de trois mois, renouvelable une fois.
Tout cela est très cadré, une convention tripartite est signée entre toutes les parties prenantes, l’entreprise, l’invité et l’association, et un suivi mensuel est mis en place. Pour le volet social, à Poitiers nous avons pour l’instant un partenariat avec Insersud, la Mission locale d’insertion du Poitou et Coallia.

Et du côté des entreprises, les espaces mis à disposition doivent-ils répondre à des critères précis ?

Oui c’est essentiel. Quand nous recevons une déclaration d’envie de la part d’une structure, en amont nous nous assurons que toutes les conditions sont bien remplies. Il faut qu’il y ait dans les locaux un espace dédié avec un coin nuit, une petite armoire, un petit coin cuisine avec au minimum un micro-ondes ou une plaque de cuisson. Et un espace sanitaire bien sûr, dans l’idéal avec une douche. Une fois que tout est validé, l’entreprise devient adhérente des Bureaux du cœur. C’est une adhésion libre est consciente. La question de l’assurance est aussi prise en compte. Au sein de l’association un référent assurance est là pour conseiller la structure.

Quel est le plus pour l’invité, comparé à un hébergement d’urgence ?

L’intérêt c’est de pouvoir trouver un peu d’intimité, qui peut aider pour se reconstruire. C’est aussi d’avoir des interactions très diverses, avec le directeur mais aussi avec les salariés de l’entreprise, car même s’il s’agit d’un accueil de nuit, le matin les personnes peuvent se croiser, prendre le café ensemble, discuter. Cette relation sociale peut être fructueuse, pour les invités mais également pour les salariés. La richesse sociale va dans les deux sens.

Est-ce que les entreprises sont sensibles à la démarche des Bureaux du cœur ?

À Poitiers plusieurs structures se sont montrées intéressées. Et oui on voit que les choses avancent bien. On compte aujourd’hui 40 délégations en France, mais aussi en Belgique, en Espagne et au Portugal. C’est en train d’essaimer.

Contact : sandrine_poitiers@bureauxducoeur.org

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